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Crise grecque : la zone euro lâche Athènes qui va droit au défaut de paiement

L'annonce par Alexis Tsipras d'un référendum sur les exigences des créanciers en Grèce a provoqué la rupture entre l'Eurogroupe et Athènes, les responsables de la zone euro assurant que leur aide financière prendra fin le 30 juin.

Les responsables de la zone euro ont fermé, samedi 27 juin, la porte des négociations avec la Grèce, qui négocie depuis des mois pour éviter un défaut de paiement, désormais imminent. En cause : l'annonce fracassante d'Alexis Tsipras d'un référendum dans le pays sur les exigences des créanciers.

Le plan d'assistance financière dont bénéficie Athènes depuis 2012 "va prendre fin le 30 juin", a annoncé, solennel et la voix blanche, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, après une réunion des ministres des Finances des 19 pays de la zone, particulièrement acrimonieuse.

"Une triste décision pour la Grèce [qui] ferme la porte à la poursuite des discussions", a-t-il également déploré, se disant "très négativement surpris" par l'annonce du référendum prévu le 5 juillet. L'Allemand Wolfgang Schäuble a de son côté regretté que la Grèce, en organisant un tel référendum, mette "fin aux discussions de manière unilatérale".

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Cette réunion de l'Eurogroupe, la cinquième en dix jours, aurait pu être celle de la dernière chance, elle a au contraire entériné la rupture entre Athènes et ses partenaires.

"Une majorité de ministres en ont marre", confiait à l'AFP une source proche des négociations. "Ce n'est pas la première fois que le gouvernement grec crée du drame, encore et encore, en faisant de nouvelles propositions en pleine négociation", a relevé le Slovaque Peter Kazimir, l'un des plus critiques vis-à-vis d'Athènes.

Yanis Varoufakis promet de "continuer à se battre" pour un accord

"Si le gouvernement grec n'est pas prêt à accepter" les propositions qui lui sont faites, "alors il y a un problème de crédibilité", a expliqué Jeroen Dijsselbloem, avant une nouvelle réunion de la zone euro à laquelle n'assistait pas la Grèce, pour envisager un "plan B", synonyme d'un défaut de paiement du pays.

Depuis des mois, les discussions entre la Grèce et les créanciers bloquent sur la réforme des retraites et celle de la TVA, mais aussi sur l'exigence d'Athènes de discuter dès maintenant d'un réaménagement de sa dette colossale qui avoisine 180 % de son PIB.

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Plus isolé que jamais, le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a promis de "continuer à se battre" pour un accord avec ses créanciers d'ici mardi, date de la fin du deuxième programme d'aide de la Grèce.

C'est également à cette date que le pays, à court d'argent, doit rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI. Un paiement qu'il ne peut honorer sans une perfusion de ses créanciers. Sans cela, c'est le défaut de paiement qui guette, prélude au "Grexit", une sortie de la zone euro.

La BCE désormais seule à pouvoir éviter une déroute bancaire à la Grèce

Une perspective aux conséquences imprévisibles qui fait frémir dans les capitales des 18 autres membres de l'Union monétaire.

Pour Yanis Varoufakis, c'est à la Banque centrale européenne d'agir et de rembourser directement le FMI. "La BCE nous doit 1,9 milliard d'euros. Qu'elle les donne au FMI", a suggéré le ministre des Finances grec lors d'une conférence de presse. Avant de quitter Bruxelles, il a estimé que "c'était un triste jour pour l'Europe". La décision des créanciers de rompre  risque, selon lui, de porter un "préjudice permanent" à la zone euro.

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De son côté, la Banque centrale européenne (BCE), désormais seule à pouvoir éviter une déroute bancaire à la Grèce, a immédiatement annoncé une réunion de son conseil des gouverneurs, sans doute dimanche selon deux sources.

Les craintes d'un "bank run" (panique bancaire) dans le pays sont en effet immenses. Les files d'attentes s'étiraient devant de nombreuses banques à la suite de l'annonce sur le référendum du 5 juillet.

Avec AFP

Tags: Grèce, Zone euro, BCE,