
L'organisation de l'État islamique (EI) a de nouveau investi la ville kurde syrienne de Kobané, cinq mois après en avoir été chassée. Une offensive jihadiste est également en cours contre la ville de Hassaké, dans le nord-est du pays.
L’offensive jihadiste a commencé par un attentat suicide. Cinq mois après leur retraite sous le feu des milices kurdes et les bombes des avions de la coalition internationale, les combattants de l'EI ont repris pied, jeudi 25 juin, dans la ville martyre de Kobané.
"Les jihadistes ont perpétré une attaque suicide dans le secteur proche du poste-frontière avec la Turquie, au moins cinq personnes ont été tuées", a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. "Des combats intenses ont ensuite éclaté, il y a des corps dans les rues", a-t-il ajouté, sans fournir de bilan. Quelques heures après le début de leur offensive, un kamikaze jihadiste a mené une seconde attaque à la voiture piégée au niveau du poste-frontière turc de Mursitpinar.
Pourquoi les jihadistes de l'État islamique (EI) attaquent Kobané à nouveau ?
Pour Idris Nasan, un responsable de la ville de Kobané (Aïn Al-Arab en arabe), l'EI "cherche à semer la confusion pour venger leur défaite (de janvier) et pousser les Kurdes à la fuite". Selon lui, des habitants des environs de Kobané sont prêts à venir prêter main forte aux combattants kurdes.
Un militant kurde syrien, Arin Shekhmos, a affirmé jeudi à l'AFP que les forces de l'EI qui ont attaqué Kobané étaient passées par le poste-frontière turc de Mursitpinar, à quelques kilomètres à peine du centre de la ville syrienneLes autorités turques, locales, de l’autre côté de la frontière ont confirmé l’infiltration de jihadistes à Kobané, vers 5 h du matin, tout en assurant que les combattants de l’EI n’avaient pas attaqué depuis le territoire turc. Mais la Turquie a démenti ces affirmations. Ankara a qualifié de "propagande" les allégations selon lesquelles les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) étaient passés par son territoire.
"Les allégations selon lesquelles les militants de Daesh (acronyme arabe de l'EI) sont passés par les frontières turques sont un mensonge et relèvent de la pure propagande", a ainsi déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus sur son compte Twitter.
D son côté, le Parti démocratique des peuples (HDP), qui représente notamment la minorité kurde de Turquie, a accusé le gouvernement d'Ankara d'apporter son appui aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) et d'avoir une part de responsabilité dans le "massacre" commis jeudi à Kobani, à la frontière turco-syrienne. Des allégations que la Turquie a qualifié de "propagande".
Après plusieurs revers, l'EI multiplie les offensives
Cette offensive de l’EI intervient alors que l’organisation sunnite extrémiste redouble d’efforts depuis un mois pour s’emparer de Hassaké, une ville du nord-est de la Syrie tenue par l’armée syrienne et les milices kurdes. Les jihadistes de l’EI ont pu pénétrer dans deux quartiers de la ville après une attaque suicide, mercredi soir, menée contre un point de contrôle tenue par une milice pro-régime.
Au moins 20 jihadistes et 30 membres des forces du régime ont été tués lors de violents affrontements à Hassaké, toujours en cours jeudi. "Des combats violents continuent, avec des bombardements des deux côtés", a expliqué Rami Abdel Rahmane, qui a précisé que les deux quartiers pris par les jihadistes se trouvaient dans le sud de la ville. "Les civils dans ces secteurs fuient vers le nord de la ville", sous contrôle des forces kurdes, a ajouté le directeur de l'ONG.
Ces offensives de l'EI dans des secteurs kurdes syriens interviennent peu de temps après des revers enregistrés par l'organisation jihadiste dans un secteur du nord syrien, notamment la perte de Tall Abyad, une ville qui permettait au groupe extrémiste sunnite d'acheminer des armes et combattants depuis la Turquie voisine vers leur fief de Raqqa. Les forces kurdes ne sont plus qu'à 55 km de ce qui est la "capitale" de l'EI en Syrie.
Pour Charles Lister, expert au Brooking Doha Centre, "les évènements à Kobané et Hassaké relèvent d'une stratégie classique de l'EI, par laquelle des attaques inattendues et spectaculaires sont lancées comme opérations de diversion", visant dans ce cas, "à détourner les Kurdes de Raqqa".
Avec AFP