Envoyé spécial de RFI au Tchad, Laurent Correau a été contraint de quitter le pays mardi sans qu'on lui donne d'explication. Le journaliste préparait des reportages en vue de l'ouverture, à Dakar, du procès de l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré.
Laurent Correau, envoyé spécial de Radio France internationale (RFI) au Tchad, a été expulsé du pays, mardi 23 juin, sans que les autorités de N’Djamena ne lui délivrent d’explication.
Le journaliste, qui préparait une série de reportages en vue de l'ouverture, le 20 juillet à Dakar, du procès de l'ancien président tchadien Hissène Habré, a été interpellé mardi soir vers 22 h par deux hommes se présentant comme des agents de la police des airs et des frontières, qui l’ont alors conduit à l’aéroport et forcé à embarquer pour Paris.
Laurent Correau était arrivé à N’Djamena jeudi dernier. "Dès vendredi, j'ai effectué les procédures habituelles d'enregistrement. Les autorités m'ont alors indiqué clairement que je pouvais commencer à travailler en attendant de recevoir le document officiel, comme elles l'ont d’ailleurs dit à différents confrères, raconte-t-il à RFI. J’ai donc commencé à travailler sur mon reportage à caractère historique sur les années Habré. Je ne travaillais que sur ce sujet."
Frappé au visage
Les deux hommes sont venus signifier le "départ anticipé" du reporter, alors qu’il était au restaurant avec Reed Brody, porte-parole de l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch. "Ils ne m'ont indiqué aucun motif, et comme je réclamais un avis d’expulsion, le ton a fini par monter, poursuit Laurent Correau. Les agents ont tenté de saisir le téléphone de Reed Brody, l’ont frappé et m’ont frappé aussi au visage."
Conduit jusqu’à l’aéroport de N’Djamena, Laurent Correau a dû embarquer de force. "Sans qu’on me laisse le temps de parler avec l’ambassadrice de France qui était venue s’enquérir de mon sort".
La direction de RFI a fait savoir qu'elle protestait contre "cette expulsion pour laquelle aucun motif n'avait pour l’heure été invoqué".