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Après le double attentat de N'Djamena, le Tchad interdit le port de la burqa

Deux jours après le double attentat qui a fait 33 morts à N'Djamena le 15 juin, le gouvernement tchadien a interdit le port de la burqa, le voile intégral qui dissimule le visage. Une mesure radicale pour ce pays à majorité musulmane.

Tous les moyens sont bons pour lutter contre Boko haram. Le Tchad a interdit mercredi 17 juin, à la veille du ramadan, le port de la burqa sur tout le territoire national pour des raisons de sécurité. Cette annonce fait suite au double attentat, imputé à la secte islamiste, qui a fait 33 morts dans une école et près d’un commissariat à N’Djamena, le 15 juin.

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"Le port de la burqa doit cesser immédiatement à compter de ce jour, non seulement dans les lieux publics et les écoles mais sur toute l'étendue du territoire", a annoncé mercredi le Premier ministre Kalzeubé Pahimi Deubet, lors d'un discours aux leaders des différentes communautés religieuses, chargés de relayer le message dans leurs "prêches", "lieux de cultes" et "mosquées".

Anticipant les réticences dans ce pays à majorité musulmane (53,1% de la population selon les statistiques de la CIA), le gouvernement n’a pas hésité à se montrer ferme, prévenant que "tous ceux qui refusent d'obtempérer et qui se hasarderaient à braver la mesure en portant la burqa doivent être arrêtés, jugés en référé et condamnés". Il a par ailleurs autorisé les services de sécurité à "entrer dans les marchés et ramasser toutes les burqas qui y sont vendues et de les brûler".

La burqa,  "camouflage" des kamikazes

Si certains détracteurs accusent le président tchadien Idriss Déby de s’attaquer directement à l’Islam, le gouvernement défend une mesure de précaution cherchant à éviter la dissimulation d’engins explosifs sous les vêtements : le Premier ministre a évoqué le terme de "camouflage" pour désigner la burqa " ou tout autre système de port de turban où on ne voit que les yeux".

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Boko Haram a en effet utilisé de plus en plus de femmes, jeunes filles, voire de fillettes ces derniers mois, comme bombe humaine au Nigeria, notamment en raison de leur tenue. Le hijab, porté par la majorité des femmes dans les états du nord du Nigeria, où la charia est appliquée, permet de dissimuler plus facilement une bombe. En novembre 2014, deux femmes tuaient 45 personnes sur le marché de Maiduguri, capitale de l’État du Borno. L’une d’elles, 20 ans à peine, avait placé la bombe dans son dos, là où traditionnellement elles portent les enfants.

La méfiance, qui s’est accrue avec la multiplication des attentats "féminins" ces derniers mois, a même poussé certaines Nigérianes à abandonner leur tenue traditionnelle de peur d’être prises pour des kamikazes terroristes. Pour des raisons similaires, la burqa a été interdite en mai dernier dans les lieux publics au Congo-Brazzaville.

Sécurité renforcée contre Boko Haram

Après les attentats, le président avait déjà donné des indications de fermeté aux services de sécurité. D’après RFI, la circulation des véhicules à vitres teintées a été interdite et les véhicules et leurs occupants systématiquement fouillés. La capitale a également été quadrillée par les forces de police et la police déployée en masse près des mosquées, des églises, des marchés et des grandes artères. Des check-points ont été mis en place aux abords du commissariat central et du palais présidentiel. Enfin, le Tchad a mené une offensive militaire aérienne le 17 juin, sur des bases de Boko Haram au Nigeria.

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Si les attentats du 15 juin n’ont pas été revendiqués, Boko Haram est soupçonné d’en être à l’origine. Or, l'armée tchadienne participe en première ligne depuis février à une opération militaire régionale visant à chasser le groupe islamiste de pans entiers de territoire, dont il s’est emparé dans le nord-est du Nigeria.

Avec AFP