Budapest a annoncé vouloir fermer et clôturer sa frontière avec la Serbie afin de contenir le flot de migrants arrivant dans le pays. Certains dénoncent la mise en place d’un nouveau rideau de fer.
Face à l’afflux de migrants, la Hongrie perd patience. À défaut de pouvoir refouler purement et simplement les réfugiés hors du pays, comme le souhaiterait le dirigeant populiste Viktor Orban, Budapest a annoncé, mercredi 17 juin, avoir opté pour une clôture et une fermeture de sa frontière avec la Serbie.
Des "travaux préparatoires" ont été lancés pour la construction d'une clôture de quatre mètres de haut sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, précisant que ces travaux seraient achevés d'ici le mercredi 24 juin.
"De tous les pays de l'Union européenne, la Hongrie est celui qui subit la plus forte pression migratoire. Une réponse commune de l'UE à ce défi prend trop de temps et la Hongrie ne peut plus attendre. Elle doit agir", a-t-il ajouté.
Réunis mardi à Luxembourg, les 28 ne sont en effet pas parvenus à se mettre d'accord sur un dispositif solidaire d'accueil destiné à soulager les pays les plus exposés, alors que 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l'UE depuis le début de l'année, selon l'agence Frontex.
Stopper les migrants en Serbie
"Cette décision ne contrevient à aucun traité international, d'autres pays ont opté pour la même solution", s'est défendu M. Szijjarto, citant la Bulgarie, la Grèce, et l'Espagne pour ses enclaves en Afrique du Nord.
Selon le gouvernement hongrois, 95 % des migrants entrant en Hongrie le font par la frontière serbe. Quelque 75 % d'entre eux arrivent de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan, dont ils fuient les combats. En janvier et en février de cette année, la Hongrie a également vu arriver des milliers de Kosovars, poussés à l'exode par la situation économique. La Serbie, un pays ne faisant pas partie de l'UE, est considérée comme un point de transit majeur sur la route orientale des migrants vers l'Europe.
Vendredi 12 juin, M. Orban avait accusé Belgrade d'"envoyer" les migrants en Hongrie, soulignant que ceux-ci "doivent être stoppés en territoire serbe".
La question doit être abordée entre les dirigeants des deux pays lors d'une rencontre le 1er juillet.
"La solution n'est pas de dresser des murs"
Pour beaucoup, cette décision constitue un nouveau signe inquiétant dans la crise migratoire que connaît le Vieux Continent.
Le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a aussitôt réagi en se déclarant "surpris et choqué". "La solution n'est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu'un pays de transit. La Serbie est-elle responsable de la crise en Syrie ?", a-t-il déclaré, soulignant que les clandestins, dont nombre de Syriens fuyant la guerre chez eux, arrivaient dans son pays en provenance de Grèce et de Bulgarie, pays membres de l'UE.
L'ONG Comité d'Helsinki à Budapest a pour sa part déploré le projet de clôture, évoquant un "nouveau rideau de fer". Quant au pape François, il a mis en cause tous ceux, gouvernements ou individus, qui "ferment les portes aux migrants", et a invité les catholiques à "demander pardon à Dieu" en leur nom.
Le nombre de réfugiés entrant en Hongrie, qui était de 2 000 pour toute l'année 2012, a bondi s'élevant à 54 000 depuis janvier et faisant de ce pays d'Europe centrale celui de l'UE, après la Suède, qui accueille le plus de réfugiés relativement à sa population.
Avec AFP