En l'absence d'accord sur les réformes budgétaires et fiscales exigées par ses créanciers, Athènes pourrait ne pas honorer le remboursement de 1,6 milliard d'euros au Fonds monétaire international le 30 juin, a averti la banque centrale grecque.
La Grèce risque de s'engager sur "un chemin douloureux" si elle ne parvient pas à un compromis avec ses créanciers, a averti, mercredi 17 juin, sa banque centrale, à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro qui menace de se solder par un nouveau constat d'échec.
Athènes pourrait être incapable d'honorer un remboursement de près de 1,6 milliard d'euros au Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin, en l'absence d'accord sur les réformes budgétaire et fiscale et sur l'aide financière avec le FMI, l'Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE).
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"L'incapacité à conclure un accord [...] marquerait le début d'un chemin douloureux qui mènerait dans un premier temps à un défaut grec, et à terme à la sortie du pays de la zone euro et, très probablement, de l'Union européenne", déclare la banque centrale dans un rapport, en parlant d'un "impératif historique que nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer".
La probabilité d'un accord est "très faible"
Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a déclaré mercredi à Paris qu'il ne croyait pas à un accord sur la dette à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe prévue jeudi à Luxembourg. "Maintenant, ce sont les dirigeants politiques qui doivent parvenir à un accord", a-t-il indiqué.
Les ministres des Finances de la zone euro feront le point sur le dossier à Bruxelles mais la question grecque ne devrait pas occuper une grande place dans les discussions faute d'éléments nouveaux, a déclaré un responsable européen associé à la préparation de la réunion.
"Je pense franchement que ce sera assez bref", a dit ce responsable s'exprimant devant des journalistes sous le sceau de l'anonymat. Il a précisé que le non-paiement de l'échéance due au FMI le 30 juin n'entraînerait pas automatiquement un défaut sur les prêts de la zone euro."Il n'y a pas de présupposé logique, encore moins automatique, selon lequel un non-paiement au Fonds conduirait à une accélération [du non-remboursement des prêts européens par la Grèce]", a-t-il dit.
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Interrogé sur l'éventualité de la mise en place de mesures de contrôle des capitaux en Grèce, il a répondu que l'exemple de Chypre en 2013 montrait qu'elle était possible mais "hautement indésirable".
Le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a de son côté estimé que la probabilité d'un accord jeudi était "très faible" et répété qu'il revenait aux dirigeants grecs de relancer les pourparlers. "Ils ont été très clairs sur tout ce qu'ils ne veulent pas ; cela signifie qu'ils doivent présenter d'autres propositions", a-t-il dit à la presse.
"Politique catastrophique"
Plus conciliant, le chancelier autrichien, Werner Faymann, en visite en Grèce mercredi, a déclaré qu'il ne pouvait pas imaginer un avenir prospère et pacifique en Europe sans Athènes.
S'exprimant juste après lui, Alexis Tsipras a réaffirmé son refus d'une baisse des pensions de retraite et dit souhaiter une solution "honorable", assurant qu'il était prêt à en payer le prix politique. "Les marges de manœuvre pour de nouvelles réductions des pensions de retraite ont été épuisées. Nous ne comprenons pas l'obsession des créanciers sur les retraites", a-t-il dit à la presse après une rencontre de deux heures avec le chancelier autrichien. Et d’ajouter : "Si nous n'obtenons pas de compromis honorable et une solution économiquement viable, nous prendrons la responsabilité de dire non à la poursuite d'une politique catastrophique."
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Pour la banque centrale grecque, le ralentissement de l'économie nationale risque de s'accélérer au deuxième trimestre, d'autant que les tensions des derniers mois ont entraîné une chute d'environ 30 milliards d'euros des dépôts bancaires entre octobre et avril.
Risque d’un accident grec
Sur les marchés financiers, les actions européennes continuent de baisser et les rendements obligataires des pays du sud de l'Europe de monter, la menace d'un défaut grec attisant les craintes de contagion.
Si la Grèce a pu placer sans difficulté pour 1,3 milliard d'euros de bons du Trésor à trois mois, le Portugal n'a levé que 750 millions à six et 12 mois, alors qu'il visait jusqu'à un milliard, et à des taux en hausse par rapport au mois dernier.
"Il est clair que les deux parties semblent plus éloignées que jamais d'un accord, ce qui augmente le risque d'un accident grec, commente Nick Stamenkovic, responsable de la stratégie d'investissement de RIA Capital Markets. Elles pourraient aboutir à un accord de dernière minute mais pour l'instant, le temps passe vite. On est vraiment à un moment très important de ce dossier et la Grèce joue avec les nerfs des investisseurs."
Avec Reuters