Deux cents ans après la bataille de Waterloo, l'Europe commémore ce jeudi 18 juin le bicentenaire de la chute de Napoléon. Alors que de nombreuses personnalités font le déplacement, ni François Hollande, ni Manuel Valls ne seront présents.
Après avoir ferraillé pour que la Belgique abandonne son projet de frapper une pièce commémorative à l’occasion du bicentenaire de la bataille de Waterloo, la France a décidé de bouder l’événement, synonyme de défaite pour les troupes napoléoniennes. Lors des cérémonies officielles le 18 juin, seul l’ambassadeur de France en Belgique sera présent, alors que les pays membres de la coalition européenne ayant vaincu les troupes de Napoléon seront représentées au plus haut niveau.
La fête se déroulera donc en l’absence de François Hollande et de Manuel Valls. Comme le détaille le journal "la Nouvelle République", "autour du roi des Belges Philippe et de la reine Mathilde, seront là le couple royal des Pays-Bas, les grands-ducs du Luxembourg et le prince Edward, cousin d'Elizabeth II pour représenter la famille royale britannique".
Selon le site belge l’Avenir, les autorités françaises ont décliné l’invitation pour cause d’agenda chargé. "Officiellement, on nous a répondu que le 18 juin 1940 était la date anniversaire de l’Appel du général de Gaulle et qu’il y avait d’autres cérémonies de commémoration à honorer en France", ont expliqué les organisateurs tout en reconnaissant qu’une autre explication s’impose : "Napoléon reste un personnage historique controversé, et il l’est aussi en France. Alors les autorités françaises préfèrent s’abstenir. En se disant que, quelle que soit leur position, elle leur sera de toute façon reprochée."
De son côté, "Le Journal du Dimanche" avance que "L’Empereur n’est pas porteur politiquement". Le JDD relève que la France n’a jamais vraiment commémoré les grandes dates de la vie du "Petit caporal". "J'en veux à Chirac. Il a refusé de faire quoi que ce soit pour Austerlitz en 2005, alors qu'il a envoyé un porte-avions se joindre à la flotte anglaise commémorant Trafalgar ! Absurde ! Tout cela parce que Napoléon avait rétabli l'esclavage. Mais sans Napoléon, la France avait droit à un retour de la monarchie absolue ! Il a sauvé la République !", s’emportait ainsi l’historien Jean Tulard, dans les colonnes de l’hebdomadaire dominical.
Pas de bénéfice politique pour les officiels français
"Le Monde", qui partage ce point de vue, explique que l’Empereur est devenu moins fréquentable pour les politiques, et qu’ils n’ont pas de "bénéfice politique" à en tirer. Le quotidien français note, par ailleurs, que François Hollande a déjà "donné de sa personne" en matière de commémorations historiques, depuis son élection, avec la Grande Guerre, la Shoah, ou encore les 70 ans de la Libération. "Commémorer, c’est renouveler le patriotisme. Commémorer, c’est porter un message de confiance dans notre pays", avait ainsi déclaré le président français à l’occasion du lancement du centenaire de la Première Guerre mondiale en novembre 2013. "Difficile, dans ce contexte, de conférer la même portée politique à la célébration du D-Day qu’à celle du bicentenaire d’une victoire des monarchies européennes sur la France", conclut "Le Monde".
Le bicentenaire de Waterloo, qui se déroule jusqu’au 20 juin, devrait attirer plus de 200 000 spectateurs ainsi que 7 000 figurants en costume. Sur le champ de bataille, Napoléon sera néanmoins représenté par un Français, l’avocat Frank Samson qui l’incarne depuis dix ans.