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Devant une assemblée d'imams, de recteurs et de responsables associatifs réunis, lundi, pour la première "instance de dialogue" destinée à renouer le lien avec les musulmans, le Premier ministre à rappeler la compatibilité entre l'islam et la France.

Image de l'islam, construction de mosquées, formation des imams, pratiques rituelles : le gouvernement français a réuni pour la première fois, lundi 15 juin, une large "instance de dialogue" destinée à renouer le lien avec les musulmans de France.

Signe des espoirs que l'État place dans cette initiative, le lancement a rassemblé au ministère de l’Intérieur, place Beauvau, quatre membres du gouvernement dont son chef Manuel Valls, Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et Fleur Pellerin (Culture).

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Lors de cette première réunion, le Premier ministre français a tenu à rappeler toute la place que l’islam avait en France. "L'islam suscite encore des incompréhensions, des ‘a priori’, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames dont vous êtes victimes", a-t-il dit en ouverture de la réunion. Or l'islam est en France pour y rester. C'est la deuxième religion de notre pays. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu'est la réalité de l'islam de France. Et pour gagner ce combat, c'est à chacun de prendre ses responsabilités".

"La France et l'islam sont pleinement compatibles"

Manuel Valls a notamment appelé son auditoire à "nommer l'ennemi", évoquant les groupes jihadistes et l'extrémisme radical. "Il faut le dire, tout cela n'est pas l'islam", a-t-il lancé, évoquant "les discours de haine, l'antisémitisme qui se cache derrière l'antisionisme et la haine d'Israël, les prédications funestes, les imams autoproclamés qui dans nos quartiers, nos prisons, font l'apologie de la violence, du terrorisme, qui participent de cette entreprise criminelle, qui font partir des centaines de jeunes au jihad." Il s'agit de "faire la démonstration pour le monde entier que la France et l'islam sont pleinement compatibles, que l'islam s'épanouisse dans notre pays".

Défendant une laïcité qui permet de "rassembler, unir, faire vivre ensemble, protéger", Manuel Valls a également pris la défense des musulmans français face aux "amalgames" dans le sillage des attentats jihadistes de janvier en France. "Je ne veux plus qu'on se sente accusés d'être complice d'actes qu'on n'a jamais voulus, ni soutenus bien sûr !" a dit le Premier ministre.

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Plus de 120 personnes - imams, aumôniers, recteurs, responsables associatifs ou personnalités musulmanes de diverses sensibilités (des mystiques soufis aux rigoristes du Tabligh en passant par les Frères musulmans) -, sans compter les représentants des pouvoirs publics, étaient rassemblés au ministère de l'Intérieur pour cette première séance de forum d'échanges qui doit se réunir une à deux fois par an.

Des laïques aux fondalistes salafistes

La création de cette "instance de dialogue" avait été annoncée quelques semaines après les attaques à Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher à Paris, qui ont ébranlé la première communauté musulmane d'Europe, estimée à quelque cinq millions de membres, pratiquants ou non. Depuis, les préfets avaient tenu des réunions de préparation auxquelles ont participé 5 000 personnes, des plus laïques jusqu'à quelques fondamentalistes salafistes.

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L'exercice est délicat pour le gouvernement qui, en vertu de la loi de 1905, n'a pas vocation à organiser les affaires internes d'une religion, fût-elle la deuxième de France. "Il ne s'agit pas de créer une organisation nouvelle des Français de confession musulmane, ni de constituer une enceinte de négociation devant déboucher sur des décisions immédiates", avait prévenu, Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, dans la lettre adressée aux invités.

L'idée est plutôt de "réunir un forum d'échanges régulier" - une voire deux fois par an - en s'inspirant de l'"instance Matignon", réduite à quelques évêques, née en 2002 pour l'Église catholique. L'"instance Beauvau" des musulmans est beaucoup plus large, afin de coller à la réalité d'un islam de France très largement sunnite, dépourvu de clergé et fragmenté.

Avec AFP