Il a la candeur d’un enfant et le regard qui pétille. Et pour cause, Nabil Hayari n’a d’yeux que pour la mode depuis sa plus tendre enfance. Le designer français a eu l’honneur d’ouvrir le bal de la première Fashion Week algérienne, mercredi 10 juin, au Palais de la culture à Alger. Une reconnaissance pour celui qui s’est taillé une place sur mesure dans le microcosme du luxe.

Né à Batna, au sud-est d’Alger, le couturier, qui garde jalousement le secret de son âge, a baigné toute sa vie dans la culture française et algérienne. Dès ses sept ans, l’avant dernier d’une famille de neuf enfants fait ses premiers dessins. Pas de voitures ni de camions de pompiers comme la plupart des autres petits garçons de son âge. Mais des robes et encore des robes : "C’était en moi. J’ai toujours admiré les robes de ma mère et je regardais les magazines de mode des années 1940 que ma grand-mère avait conservés." Couturière de profession, c’est elle qui lui met le pied à l’étrier. Le jeune styliste habille ses sœurs, toujours avec l’envie de sublimer les femmes, de les faire rêver.

En 1997, après une licence d’anglais, Nabil entre à l’école Sup de mode à Lyon dont il sort majeur de promo. La suite de ses aventures le mène jusqu’à Paris. Très vite repéré, Nabil intègre une maison de couture du Triangle d’or à Paris (quartier très huppé du 8e arrondissement) dans laquelle il restera une dizaine d’années. En 2009, il décide de se lancer dans le petit monde fermé de la Haute-couture en créant sa propre maison : Hayari couture. "Ça n’a pas été facile car il faut créer ses réseaux", confie-t-il. Mais qu’importe, le jeune homme se donne corps et âme pour réaliser son rêve et se faire un nom. Et le succès est au rendez-vous. Nabil a un concept imparable : "Toutes les créations, qu’il s’agisse de robes de mariées ou de cocktail, sont des modèles uniques et sur-mesure. Je m’imprègne de la vie, la culture de la cliente pour lui dessiner une robe qui lui ressemble."

Saint-Laurent et Gaultier, ses sources d’inspiration

Drapés, transparence, superpositions de matières, soie, organza, borderies et dentelles sont sa signature. Aujourd’hui, la griffe est ainsi prisée par de nombreuses stars comme Kim Kardashian ou Sharon Stone. Ses créations sont souvent sur les tapis rouges des plus grands événements glamour de la planète : Festival de Cannes, cérémonie des Golden Globes… Une grande fierté pour celui dont les plus grands noms de la haute couture française ont été une source d’inspiration. "J’ai toujours admiré Yves Saint-Laurent. D’ailleurs, lors de la vente aux enchères de ses objets personnels, j’ai fait l’acquisition d’une boule de sulfure qu’il gardait sur son bureau. Aujourd’hui, elle trône sur le mien et c’est un peu devenu mon porte bonheur, raconte Nabil, les yeux plein d’étoiles. J’aime aussi le côté fou de Jean-Paul Gaultier. Avec lui, tout est possible."

Naviguant entre les deux rives de la Méditerranée, Nabil Hayari porte un regard bienveillant sur le pays de son enfance. "L'Algérie se transforme dans le bon sens. La femme algérienne ne veut pas rester dans la création traditionnelle. Elle veut être comme celles que l’on voit dans les magazines. Il y a une véritable demande."

Outre l’appel de la terre de ses ancêtres, c’est sans doute ce qui a convaincu le designer internationalement reconnu d’essuyer les plâtres de cette première Semaine de la mode algérienne. "C’était merveilleux, magique de voir ces mannequins défiler dans ces robes en transparence… La modernité est arrivée à Alger, souligne Nabil Hayari. Je n’ai vu aucune différence avec les autres Fashion Week. Tout le monde a été extrêmement professionnel et efficace. Je serai ravi de revenir l’an prochain mais avec une collection spécialement créée pour l’occasion."