Au moins quatre personnes ont été tuées en Corse, mercredi 10 juin, dans un glissement de terrain sur le sentier de randonnée GR20, au niveau du cirque I Cascittoni aussi appelé "cirque de la solitude". Tandis que les appels à la prudence se multipliaient jeudi matin, les recherches se poursuivaient pour retrouver des randonneurs belges et français, toujours portés disparus.

Près de 80 hommes - principalement des gendarmes de haute-montagne et des pompiers - et deux hélicoptères sont mobilisés. Le temps clément, en dépit de la présence de nuages sur le massif du Cinto où s'est produit l'accident, a rendu plus aisées jeudi les opérations de secours. Un nouvel orage est toutefois prévu dans l'après-midi, comme depuis le début de la semaine.

C'est une mini-tempête de près de deux heures qui a provoqué l’accident mortel. Douze randonneurs se sont ainsi retrouvés piégés par le brouillard et un orage violent qui a causé l’éboulement de roches et de névés. L’accident est le plus grave enregistré dans la montagne depuis une trentaine d’années.

Les corps des trois premières personnes décédées, deux hommes et une femme, reposent dans une chapelle ardente à Corte. Le corps de la quatrième personne, dont l’identité n’a pas été communiquée, a été retrouvé jeudi matin au pied du cirque de I Cascittoni, à environ 1 500 m d'altitude,

"Des risques inconsidérés"

Le GR20, sentier mythique qui s’étend sur 180 km du Nord au Sud au cœur du parc naturel régional de Corse, est réputé comme l’un des plus délicats au monde. Ce parcours de 15 étapes sur les plus hauts sommets, dont 117 dépassent les 2 000 mètres, est chaque année le théâtre d'accidents en raison de sa difficulté et de l'imprudence de nombreux randonneurs.

Les appels au respect des consignes de prudence, comme celui lancé mercredi par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, se sont multipliés jeudi. Le parcours où a eu lieu l’accident a été interdit aux randonneurs. Des agents du Parc naturel régional de la Corse (PNRC) ont été déployés aux accès Nord et Sud de cette étape, la plus difficile du GR20, pour empêcher d'éventuels promeneurs de passer.

Le délégué régional de la Fédération française de montagne et d'escalade, Paul-André Acquaviva, a souligné qu'"un entonnoir à 2 000 m d'altitude comme I Cascittoni, techniquement très difficile, suppose de partir très tôt le matin et non dans l'après-midi." Interrogé sur la radio RCFM, il a déploré que "les touristes prennent des risques inconsidérés, une fois qu'ils ont payé leur voyage pour venir en Corse. [...] On ne peut pas aseptiser la montagne", a-t-il affirmé.

Il a notamment déploré que des agences de voyage forment des groupes de randonneurs au sein desquels "on enregistre 50 % d'abandon après quelques jours" en raison de l'extrême difficulté du GR20 et de l'instabilité de la météo dans la montagne corse.

Avec AFP