
En visite diplomatique mercredi à Milan et à Rome, le président russe Vladimir Poutine a tenté de briser son isolement international.
Deux semaines avant que l'Union européenne ne se prononce sur une reconduite des sanctions qui frappent Moscou en raison de la crise ukrainienne, Vladimir Poutine s’est rendu en Italie, mercredi 10 juin, à l'occasion de la journée de la Russie à l'Exposition universelle de Milan. L’occasion pour lui de briser l’isolement diplomatique croissant de Moscou et de fissurer le front occidental auquel doit faire face son pays.
En effet, depuis l’annexion de la Crimée au printemps 2014, la Russie n’appartient plus au G8 et subit des sanctions économiques de la part des États-Unis et de l’Union européenne. Lundi, à l'issue d'une réunion des dirigeants du G7 en Bavière, les sept chefs d'État ou de gouvernement ont unanimement lié la durée des sanctions contre la Russie à "la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk" de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au "respect de la souveraineté" de Kiev. Barack Obama s'en est même pris directement à Vladimir Poutine, l'accusant de ruiner son propre pays au nom de la recherche "insensée de la gloire passée" de l'empire soviétique.
"Amitié traditionnelle italo-russe"
S’appuyant sur ce que Matteo Renzi a appelé "l'amitié traditionnelle italo-russe", le maître du Kremlin a déclaré avoir perçu des divergences d'opinion au sein du G7, se référant implicitement à l'Italie, qu’il juge plus sensible à ses arguments. Il a également fustigé les sanctions infligées à son pays. "Je compte sur le fait que tôt ou tard nous n'aurons plus les restrictions auxquelles nous faisons face aujourd'hui", a-t-il déclaré. Quant au G7, qui l'a menacé cette semaine de renforcer encore les sanctions , Moscou n'a plus "aucune relation" avec lui, ses membres ayant décidé qu'ils n'avait "pas besoin d'un point de vue alternatif", a déploré le président russe.
De son côté, le jeune chef du gouvernement italien s’est prudemment gardé de se dissocier du reste du G7. "L'Italie demeure loyale envers ses alliés tout en ayant une relation spéciale avec la Russie", a-t-il affirmé. Tout en estimant que le gouvernement italien ne partageait pas la vision du président russe sur les événements en Ukraine, il a affirmé qu’il continuait de considérer la Russie comme une pièce centrale de la diplomatie mondiale.
"L'Ange de la paix"
Mercredi après-midi, Vladimir Poutine s’est ensuite rendu à Rome afin de s’entretenir avec le pape François. Ce dernier l'a exhorté à faire "un effort sincère" pour la paix et réclamé la pleine application des accords de Minsk "par toutes les parties" en Ukraine, a indiqué un communiqué du Vatican. L'évêque de Rome et le président russe ont par ailleurs estimé qu'il fallait assurer au Moyen-Orient "les conditions nécessaires pour la vie de toutes les composantes de la société, y compris les minorités religieuses et en particulier les chrétiens". Enfin, le pape a offert au président un médaillon représentant "l'Ange de la paix", "qui vainc toutes les guerres" et "parle de solidarité entre tous les peuples", ont rapporté des journalistes présents.
Cette dernière étape, toute spirituelle soit-elle, était aussi chargée d’enjeux politiques : par la voix de leur ambassadeur auprès du Saint-Siège, Ken Hackett, les États-Unis avaient demandé au Vatican de profiter de cette visite pour dénoncer le rôle du Kremlin en Ukraine. En février dernier, le pape avait parlé du conflit en Ukraine comme d'"une guerre entre chrétiens", sans critiquer Moscou, et l'Église orthodoxe russe avait salué cette approche "équilibrée".