
En dépit des accords de paix signés à Minsk, les combats ont violemment repris mercredi dans l'est de l'Ukraine entre séparatistes pro-russes et soldats gouvernementaux. Kiev évoque une "gigantesque menace" russe à l'encontre de son pays.
En dépit du cessez-le-feu décrété en février à Minsk, les combats ont repris dans l’est de l'Ukraine, principalement près de la ville de Maryinka, entre rebelles pro-russes et armée gouvernementale. Cinq militaires ukrainiens ont été tués mercredi 4 juin. Les affrontements ont également fait 39 blessés côté gouvernemental, a précisé un conseiller de la présidence ukrainienne, Iouri Birioukov.
Comme toujours, chaque camp se renvoie la responsabilité de l’attaque : Kiev accuse les rebelles pro-russes de vouloir lancer une vaste offensive et les insurgés prorusses accusent l’armée ukrainienne d’être responsable de cette flambée de violence. Côté rebelle, on annonce la mort de 19 personnes, 15 combattants et quatre civils.
Se préparer à "une invasion généralisée"
Les deux camps ont fait usage d'armes lourdes au cours de ces combats, les plus violents depuis des mois dans la région. Évoquant une "gigantesque menace", le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé jeudi que plus de 9 000 militaires russes se trouvaient en Ukraine et a accusé les séparatistes de vouloir lancer de nouvelles offensives de grande envergure.
Prenant la parole au Parlement, il a ajouté que l’armée ukrainienne devait se préparer à défendre le pays contre "une invasion généralisée" le long de sa frontière avec la Russie. "L'armée doit être prête à une reprise de l'offensive ennemie dans le Donbass et aussi à une invasion généralisée le long de notre frontière avec la Russie. Nous devons vraiment nous y préparer", a-t-il lancé.
Bombardements à Maryinka, Marioupol, Lougansk…
Jeudi matin, la situation restait "tendue mais stable" près de Maryinka, a déclaré un porte-parole militaire. La ville n’est pas tombée dans le camp pro-russe. "Par trois fois, les séparatistes ont bombardé nos positions durant la nuit. En ce moment, une opération est menée pour localiser des groupes de saboteurs infiltrés."
Outre Maryinka, l’armée ukrainienne a également rapporté que les rebelles ont ouvert le feu durant la nuit sur les positions gouvernementales près de la ville de Marioupol, sur la mer d’Azov, et sur des villages près de Lougansk, un bastion séparatiste.
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À Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau accusé Kiev d’être responsable des combats. "Les accords de Minsk conclus en février sont constamment mis en péril par les autorités de Kiev", a-t-il dit. Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Kiev cherche ainsi à faire pression sur l’Union européenne, qui doit se prononcer prochainement sur la poursuite des sanctions contre Moscou.
"Souvent par le passé, la partie ukrainienne a pris des initiatives afin d’aggraver les tensions avant certains événements internationaux d’importance. Nous y sommes habitués et cela se produit une nouvelle fois, ce qui nous inquiète beaucoup", a-t-il dit. L’Allemagne a fait part de son inquiétude face aux "graves violations" de l’accord de cessez-le-feu. La France a appelé jeudi à faire cesser "immédiatement" les combats. Le ministère français des Affaires étrangères s'est déclaré "préoccupé" par les informations sur ces combats.
Avec AFP