
L'Américain Chuck Blazer, ex-dirigeant de la Fifa, a avoué avoir accepté des pots-de-vin pour l'attribution des Mondiaux 1998 en France et 2010 en Afrique du Sud, selon le procès-verbal de son audition de novembre 2013, rendu public mercredi.
Voilà de quoi donner un arrière-goût amer au Mondial organisé en France en 1998. L’ancien haut dirigeant de la Fifa, Chuck Blazer, a admis avoir conspiré avec d'autres responsables de la Fédération internationale pour accepter des pots-de-vin lors des processus d'attribution des Mondiaux 1998 et 2010, selon le procès-verbal de son audition réalisé en novembre 2013 aux États-Unis et rendu public mercredi 3 juin. Les organisations de ces Coupes du monde avaient été respectivement attribuées à la France et à l'Afrique du Sud.
Au cours de cette même audition, le millionnaire avait déjà plaidé coupable notamment de racket et blanchiment d'argent lorsqu'il occupait son poste à la Fifa. Retiré du monde du football depuis deux ans, Chuck Blazer a été une figure de ce sport en Amérique du Nord durant deux décennies.
Ces révélations de Blazer, rendues publiques mercredi par la justice américaine, datent de 2013, lorsqu'il avait été inculpé de racket, de corruption et d'évasion fiscale. Leur publication prend une toute autre ampleur au moment où la Fifa traverse une crise sans précédent.
C'est le premier témoignage d’un haut responsable de la Fifa sur les pratiques douteuses de l’instance dirigeante. "Durant la période où j'ai travaillé pour la Fifa et la Concacaf, j'ai entre autres commis avec d'autres personnes au moins deux actes d'activité de racket", a déclaré Chuck Blazer qui a, depuis, été remis en liberté sous caution et a coopéré pleinement avec les enquêteurs. "J'ai accepté avec d'autres personnes en 1992, ou autour de cette date, de faciliter le versement d'un pot-de-vin pour la sélection du pays hôte de la Coupe du monde 1998", a admis Blazer, âgé de 70 ans et qui souffre d'un cancer du côlon.
Pots-de-vin
Dans un autre document publié également mercredi, la justice américaine accable Chuck Blazer. "Blazer était présent lorsqu'un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice n°1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays-hôte de la Coupe du monde 1998. Le conspirateur n°1 a accepté le pot-de-vin", précise le document. L'organisation de la Coupe du monde 1998 avait finalement été confiée en juillet 1992 à la France, qui était la seule concurrente du Maroc. La France avait remporté le scrutin par douze voix contre sept.
Le scénario s'est reproduit pour la Coupe du monde 2010, convoitée par l'Égypte, le Maroc et l'Afrique du Sud, mais Blazer, entré dans l'intervalle au Comité exécutif de la Fifa, a cette fois été l'un des bénéficiaires directs.
"À partir de 2004 et jusqu'en 2011, moi et d'autres membres du comité exécutif de la Fifa, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l'Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010", a-t-il admis. La justice américaine soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf, d'avoir empoché 10 millions de dollars en échange de trois voix en faveur de l'Afrique du Sud lors du vote pour l'attribution du Mondial-2010.
L'Afrique du Sud a depuis reconnu que 10 millions de dollars ont été versés au football caribéen par fraternité panafricaine, mais a balayé toute idée de corruption.
"Changement fondamental"
De son côté, Joseph Blatter a expliqué mercredi les raisons de son départ devant quelque 400 membres du personnel de l'instance internationale, qui l'ont longuement applaudi.
Mais hors des murs du siège de la Fifa à Zurich, le Suisse de 79 ans, dont 40 ans de présence à la Fifa, a pu mesurer son impopularité. Il a subi un camouflet lorsque les organisateurs du Mondial des moins de 20 ans en Nouvelle-Zélande ont annoncé qu'ils ne souhaitaient pas sa présence alors qu'il devait assister à la finale, le 20 juin.
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Les responsables politiques du monde entier ont fait part de leur satisfaction après l'annonce de son départ à l'instar de la Commission européenne qui a appelé à "un changement fondamental", de la chancelière allemande Angela Merkel, pour qui son départ, qui aura lieu entre décembre 2015 et mars 2016, allait permettre "plus de transparence", ou encore d'un porte-parole de la Maison blanche pour qui "une nouvelle direction aura un effet bénéfique".
Selon des médias américains, l'emblématique patron de la Fifa est désormais lui aussi dans le collimateur de la justice américaine. Pour le "New York Times", les autorités "espèrent obtenir la coopération de certains des responsables de la Fifa inculpés" pour corruption pour resserrer l'étau autour de lui. La chaîne ABC News fait également état d'une enquête du FBI visant directement Blatter.
Avec AFP