
Dans une interview à la chaîne Al-Jazira, Abou Mohamed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra, l'un des principaux groupes jihadistes en Syrie affilié à Al-Qaïda a affirmé que son objectif était de faire tomber Assad et non de cibler des Occidentaux.
Le Front Al-Nosra, un groupe de "bons jihadistes" ? C’est du moins le message qu’a cherché à faire passer Abou Mohamed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, mercredi 27 mai. Interrogé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, il a assuré que sa mission en Syrie était de faire chuter le régime de Damas et qu'il n'était pas prévu de lancer des attaques contre l'Occident depuis la Syrie.
Apparaissant dans un lieu qui n’a pas été révélé par la chaîne, le visage dissimulé par une écharpe noire, il a expliqué que les condsignes d’Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda, étaient claires. "Les instructions que nous avons sont de ne pas utiliser la Syrie comme une base pour des attentats contre l'Occident ou l'Europe, pour ne pas salir la guerre actuelle". Il est vrai que sur le terrain, Al-Nosra a le vent en poupe. Le groupe jihadiste, qui a réussi à fédérer autour de lui de nombreux groupes de rebelles syriens, a engrangé ces derniers mois une série de victoires importantes, dont la prise des villes d’Idleb et de Jisr al-Choghour, dans le nord du pays.
"Notre mission en Syrie est de faire chuter le régime, ses symboles et ses alliés, comme le Hezbollah", a encore précisé Abou Mohamed al-Joulani, évoquant le mouvement chiite armé libanais, indéféctible allié de Bachar al-Assad. De nombreux experts estiment en effet que sans l’appui du Hezbollah, les forces du régime syrien n’auraient pu reprendre certaines zones du territoire à la rébellion, dans la région de Homs notamment.
Se démarquer de l’EI
En faisant ces déclarations, le leader du Front al-Nosra cherche notamment à se démarquer de son grand rival dans la région, l’organisation de l’Etat islamique (EI), qui opère en Syrie et en Irak mais a déjà revendiqué plusieurs attaques dans le monde, y compris dans des pays occidentaux.
Cependant, Joulani a précisé que si les États-Unis continuent de les attaquer, "toutes les options sont ouvertes. Tout le monde a le droit à l'auto-défense". Il a ainsi dénoncé les raids aériens américains contre le Front al-Nosra en Syrie et les a accusés de se coordonner avec le régime de Damas pour utiliser l'espace aérien syrien. Depuis septembre dernier, une coalition internationale dirigée par les États-Unis opère des raids aériens contre des positions jihadistes en Syrie, essentiellement celles de l'EI.
Joulani a en outre assuré que son mouvement n'était pas en guerre contre les chrétiens vivant en Syrie, souvent accusés de soutenir le régime syrien. Une autre façon de se distinguer de l’EI, qui a perpétré des massacres contre des chrétiens et d’autres minorités comme les Yazidis, en Syrie, en Irak mais aussi en Libye.
Le chef d’Al-Nosra menace les Alaouites et promet la chute d'Assad
Évoquant ensuite une autre minorité présente en Syrie, les Alaouites, une branche du chiisme dont est issu le président syrien, il les a invités à se détourner du régime et à se convertir à l'islam sunnite pour assurer leur sécurité dans la Syrie de demain.
"S'ils déposent les armes, désavouent Assad, n'envoient pas leurs hommes combattre pour lui et reviennent à l'islam, alors ce seront nos frères", dit-il. Les sunnites radicaux considèrent le chiisme comme une religion déviante.
Comme dans sa précédente interview en 2013 accordée à Al-Jazira, le chef du Front al-Nosra a affirmé que la fin du régime Assad était proche. "Je vous assure que la chute de Bachar est pour bientôt", a-t-il affirmé, ajoutant : "Je ne veux pas être trop optimiste mais il y a des signes très positifs".
Avec AFP et REUTERS