Selon le ministère de l'Éducation, près de 28 % des professeurs, 50 % d'après les syndicats, ont fait grève, mardi, pour protester contre la réforme du collège. Malgré la fronde, Najat Vallaud-Belkacem confirme son entrée en vigueur dès 2016.
Le jour de grève décrété dans les établissements scolaires, mardi 19 mai, ne fait pas reculer la ministre de l’Éducation. La réforme du collège présentée il y a deux mois "se fera" comme prévu à la rentrée 2016, a assuré Najat Vallaud-Belkacem, car "elle est indispensable".
"Je veux dire clairement à tous ceux qui ont fait grève ou pas (...) que je les entends et que je suis là pour lever chacune de ces inquiétudes", a déclaré la ministre, promettant que "des garanties" pour une bonne mise en œuvre seraient introduites dans les textes d'application.
Selon le ministère de l'Éducation, 27,61 % des professeurs des collèges publics ont répondu à l'appel de l'intersyndicale, alors que le Snes, principal syndicat du secondaire, estime la participation à la grève à "plus de 50 %". Des défilés sont organisés dans une cinquantaine de villes, dont Paris.
Malgré cette nouvelle étape dans la contestation, le Premier ministre Manuel Valls s'est dit "confiant" : "Cette réforme va être mise en œuvre comme c'était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible."
Quant au président français François Hollande, il a défendu le texte mardi à Berlin : "Il y a des interrogations, elles sont légitimes. Mais il y a une réforme qui doit permettre d'assurer la réussite pour tous (...) et l'excellence. C'est l'esprit de la réforme du collège."
Les profs de langues anciennes et d’allemand mobilisés
Une partie des organisations de l'intersyndicale appellent au retrait pur et simple de la réforme. Pour le Snes, "il est encore temps (...) de reprendre le fil des discussions et de stopper ce qui s'annonce comme un véritable gâchis pour les jeunes, pour nos professions".
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Les professeurs de latin et de grec craignent un effritement de leurs horaires avec la suppression de ces options, remplacées par un enseignement pratique interdisciplinaire consacré aux langues et cultures de l'Antiquité et un enseignement de complément.
Même inquiétude chez les professeurs d'allemand, dont la discipline pâtira, selon eux, de la suppression des classes bilangues (deux langues étrangères dès la sixième, des classes suivies par 16 % des élèves de sixième). La réforme propose à la place une deuxième langue pour tous en cinquième.
Ces mesures ont suscité de très vives réactions à droite et auprès de quelques personnalités de gauche. Mais ce sont l'autonomie accrue accordée aux établissements et l'interdisciplinarité (qui consiste à croiser deux disciplines lors d'un même cours) qui mécontentent le plus les syndicats antiréforme.
Première confrontation pour Najat Vallaud-Belkacem
Ils redoutent que la première donne trop de pouvoir aux chefs d'établissement et que la seconde grignote les horaires de chaque matière, dans un pays où le corps professoral est très attaché à ses disciplines.
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La réforme a aussi ses partisans : la gauche bien évidemment, deux syndicats dits réformateurs (SE-Unsa et Sgen-CFDT, 20 % aux élections professionnelles), la FCPE, première fédération de parents d'élèves et... l'enseignement privé catholique, qui scolarise 20 % des collégiens en France et auquel la réforme s'applique aussi.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, c'est une première confrontation à un vaste mouvement de protestation, depuis son arrivée à son poste fin août. Elle avait succédé à Benoît Hamon, resté quelques semaines. Vincent Peillon, parti en avril 2014 lors d'un remaniement, avait été très affaibli par la fronde contre la réforme des rythmes scolaires.
Avec AFP