
Le dessinateur Luz, figure emblématique de "Charlie Hebdo", annonce dans un entretien à "Libération" qu'il quittera l'hebdomadaire satirique en septembre. Il parle d'un "choix très personnel" dicté par "un poids trop lourd à porter".
Le dessinateur emblématique de "Charlie Hebdo", Luz, a annoncé son départ en septembre prochain du journal satirique, dans un entretien diffusé lundi 18 mai sur le site du quotidien "Libération".
"C'est un choix très personnel", explique-t-il, confirmant une information de Médiapart. "Si je me barre, c'est que c'est difficile pour moi de travailler sur l'actualité", ajoute l'auteur de la une controversée représentant Mahomet après l'attentat du 7 janvier contre l'hebdomadaire. Une semaine plus tard, il signait en première page une caricature du prophète Mahomet avec les mots "Tout est pardonné".
Si sa "réflexion sur le départ date d'il y a longtemps", le dessinateur explique qu'après l'attaque, "il a suivi par solidarité, pour laisser tomber personne. Sauf qu'à un moment donné ça a été trop lourd à porter."
Il poursuit : "Chaque bouclage est une torture parce que les autres ne sont plus là. Passer des nuits d'insomnie à convoquer les disparus, à se demander qu'est-ce que Charb, Cabu, Honoré, Tignous auraient fait, c'est épuisant."
"Ça n'arrive plus à m'intéresser, en fait, ce retour à la vie normale de dessinateur de presse. Beaucoup de gens me poussent à continuer, mais ils oublient que le souci, c'est l'inspiration", ajoute-t-il.
"Je serai toujours Charlie"
Après son départ, il dit vouloir faire "des livres. Prendre du temps" et "relire la Bible". Avant d'ajouter : "Non, je déconne !"
"Dans quelques mois, je ne serai plus 'Charlie Hebdo', mais je serai toujours Charlie", résume Luz, devenu le dessinateur vedette du journal satirique. Il affirme que sa décision n'a pas de rapport avec les divisions internes que connaît l'hebdomadaire depuis plusieurs semaines.
En avril, 15 salariés - dont Luz - sur la vingtaine que compte le journal, avaient signé dans "Le Monde" une tribune intitulée "pour une refondation de 'Charlie Hebdo'". Ils réclamaient notamment la mise en place d'une gouvernance plus collégiale et un statut d'"actionnaires salariés à part égale", contestant l'utilisation des dons recueillis depuis l'attaque de janvier.
Dernier incident en date : une des journalistes de "Charlie Hebdo", Zineb El Rhazoui, a informé la semaine dernière qu'elle était convoquée pour un entretien préalable à un licenciement. La direction avait ensuite assuré qu'il s'agissait uniquement de lui rappeler ses "obligations" professionnelles.
Avec AFP et Reuters