
La trêve accordée par l'Arabie saoudite depuis mardi permet d'acheminer l'aide humanitaire au Yémen, où les habitants manquent de tout depuis le début des bombardements. Mais l'aide proposée par l'Iran, qui soutient les Houthis, pose problème.
La trêve humanitaire est toujours en vigueur, jeudi 14 mai au Yémen, et l’aide humanitaire commence à arriver, au grand soulagement des habitants de la capitale.
Alors que les rues de Sanaa étaient animées mercredi, la nuit a été la plus calme qu’ont connu les habitants depuis le début de la campagne aérienne le 26 mars. Dans le reste du pays, notamment les villes du sud, quelques échanges de tirs sporadiques ont été signalés.
La coalition menée par l’Arabie saoudite a dit maintenir cette pause des raids aériens - en vigueur depuis mardi soir - malgré des "violations" de la part des rebelles chiites houthis. Un communiqué fait ainsi état de 12 cas de non-respect du cessez-le-feu le long de la frontière entre les deux pays et au Yémen même.
Situation humanitaire catastrophique
Alors que cette trêve doit permettre l’acheminement de l’aide, la situation humanitaire est jugée catastrophique par l’ONU, car le Yémen "manque de tout". Les violences ont déjà fait plus de 1 500 morts et 6 000 blessés depuis le début des combats.
L’arrivée de l’aide humanitaire est donc accueillie avec soulagement par les habitants. "Les Yéménites sont à cours de nourriture, de médicaments, d’essence, d’électricité et d’eau. Ils sont confrontés à des jours vraiment difficiles", témoigne Mohamed Al-Kalisi, un résident de la capitale.
"Nous demandons à Dieu de prolonger cette trêve et de faire en sorte que personne ne la viole des deux côtés", prie pour sa part Walid Mohamed Nasser, un autre habitant.
Plusieurs cargaisons sont arrivées
La trêve a permis de décharger mercredi une cargaison de fuel d'un navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) au port de Hodeida, sur la mer Rouge.
La ministre de l'Information en exil, Nadia al-Sakkaf a déclaré mercredi soir à Riyad que sept navires transportant de l'aide humanitaire avaient pu atteindre le Yémen "cette semaine" : trois ont accosté à Hodeida (ouest), un à Aden (sud), deux à Moukalla, une ville du sud-est contrôlée par des combattants d'Al-Qaïda et le dernier à Mokkha sur la mer Rouge.
Par ailleurs, 18 camions-citernes chargés de carburant sont entrés à partir de l'Arabie saoudite dans la province du Hadramout (sud-est), en évitant le nord du pays contrôlé par les Houthis, a ajouté la ministre.
Selon elle, 150 Yéménites bloqués en Jordanie sont rentrés mercredi à Sanaa grâce à un avion affrété par l'Organisation mondiale des migrations (OIM) et d'autres vols sont prévus.
Un responsable de l'aéroport de Sanaa a confirmé jeudi à l'AFP "une reprise progressive des vols" après la réparation de la piste qui été endommagée par des raids de la coalition. Un avion d'aide de Médecins sans frontières (MSF) et un autre de l'ONU étaient attendus jeudi.
Le Qatar et le Koweït ont de leur côté annoncé des aides respectives de 120 et de 40 tonnes de médicaments.
L’aide iranienne pointée du doigt
L’Iran, qui soutient les rebelles houthis, compte aussi envoyer de l’aide humanitaire. Un navire transportant médicaments, tentes et couvertures a quitté le pays lundi mais Téhéran ne veut pas que les autorités saoudiennes et américaines inspectent sa cargaison.
Le Pentagone a pressé Téhéran de livrer son contenu via Djibouti, où l’ONU a mis en place sa plate-forme pour acheminer l’aide internationale, mais l'Iran a affirmé jeudi s'être coordonné avec les Nations unies pour décharger sa cargaison à Hodeida, un port yéménite contrôlé par les rebelles houthis.
"La coordination nécessaire a été faite avec les autorités compétentes de l'ONU pour l'accostage du navire transportant l'aide humanitaire à destination du Yémen", a ainsi déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité par l'agence officielle Irna. "Les livraisons par air de l'aide en médicaments et en nourriture du Croissant rouge iranien via Oman et Djibouti sont également en cours", a-t-il ajouté.
Or si le gouvernement yéménite en exil s'est félicité du doublement à 540 millions de dollars de l'aide humanitaire saoudienne, il a indiqué refuser celle de l'Iran. Le ministre yéménite des Affaires étrangères en exil à Riyad a ainsi accusé l'Iran d'avoir envoyé ce bateau sans l'"accord des autorités légitimes".
Il a affirmé que "les mesures appropriées seraient prises contre ce bateau au cas où il entrerait dans les eaux territoriales yéménites". Jeudi en fin d’après-midi, le Yémen a rappelé son chargé d’affaires à Téhéran pour protester contre les "ingérences et le soutien de l'Iran" aux rebelles chiites dans le pays, a annoncé le bureau de presse du président Hadi.
Avec AFP