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En Guyane française, camionneurs et automobilistes bloquent les routes depuis une semaine pour protester contre les prix du carburant. L'aéroport international de Rochambeau, également occupé depuis samedi, devrait réouvrir mardi.

AFP - La mobilisation contre les prix des carburants qui paralyse la Guyane n'a pas faibli au huitième jour du conflit, en dépit de l'annonce de la réouverture, prévue mardi matin, de l'aéroport international de Rochambeau, qui était fermé aux vols commerciaux depuis samedi.

Sur le terrain la préfecture a relevé lundi 24 barrages routiers, soit seulement un de moins que la veille.

Les établissements scolaires sont toujours fermés et aucune date n'a été annoncée pour le prochain tir de la fusée Ariane 5, initialement prévu le 10 décembre et reporté sine die.

La décision de rouvrir l'aéroport, prise par la chambre de commerce et d'industrie de la Guyane (CCIG), "fait suite aux propositions du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, et aux avancées qu'elles offrent pour le règlement de ce conflit, mais aussi à l'entrée en négociation des élus avec les représentants de l'Etat depuis ce matin pour tenter de parvenir à un accord", a déclaré à l'AFP son président, Jean-Paul Le Pelletier.

L'aéroport international rouvrira à partir de 6H00, a-t-il précisé.

Le port de commerce, également fermé, n'a pas encore définitivement rouvert, a poursuivi M. Le Pelletier, mais un pétrolier aura l'autorisation d'accoster mardi "pour approvisionner la centrale EDF".

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer a aussitôt réagi pour assurer que cette réouverture était "un premier pas encourageant vers le déblocage de la situation qui paralysait ce département depuis une semaine".

"Je félicite les élus consulaires pour leur grand sens des responsabilités dans une crise devenue extrêmement préjudiciable a l'économie locale", écrit-il.

Un peu plus tôt, M. Jégo a répété la proposition qu'il avait faite dimanche soir de débloquer 10 millions d'euros sur "le fond exceptionnel d'investissement pour l'outre-mer" si le conseil régional de Guyane acceptait de "baisser de vingt centimes" par litre la taxe qu'il prélève sur les carburants.

"Les élus sont passés sur les barrages et ont indiqué qu'ils s'accordaient un délai de 48 heures pour étudier" cette proposition "et les garanties qu'elle offre ou non", a déclaré à l'AFP Joël Prévôt-Madère, conseillère régionale et présidente de la Confédération générale des PME de Guyane.

Vendredi, le secrétaire d'Etat avait annoncé avoir obtenu des pétroliers qu'ils consentent à une baisse de 30 centimes par litre de carburant, une mesure répercutée par un arrêté préfectoral pour l'instant sans effet, toutes les stations services étant fermées, à l'exception de trois.

Celles-ci - une à Cayenne, une à Kourou, une à Saint-Laurent du Maroni-, ont été réquisitionnées selon la préfecture pour approvisionner en carburant "principalement le Samu, les pompiers et les forces de l'ordre".

"La proposition de M. Jégo reste floue. On ne sait pas sur quelle ligne budgétaire seront débloqués ces 10 millions", a par ailleurs déclaré à l'AFP Raymond Liabaste, président de l'association des consommateurs en colère, une des structures à l'origine du mouvement de protestation.

"Les élus sont échaudés par des subventions promises par le passé, qui ne sont pas arrivées suite à un remaniement ministériel", a-t-il ajouté.

Les manifestants, regroupant à la fois des militants associatifs, des représentants de syndicats professionnels soutenus par de nombreux élus locaux, réclament une baisse de 50 centimes sur le prix à la pompe.