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La demi-finale aller de Ligue des champions entre le FC Barcelone et le Bayern Munich au Camp Nou sera l’occasion pour le catalan Pep Guardiola, aujourd’hui coach du Bayern, de retrouver le club avec lequel il a dominé l’Europe entre 2008 et 2012.

Si l’enjeu sportif de la rencontre entre le FC Barcelone et le Bayern Munich est incontestable – il s’agit d’une demi-finale aller de Ligue des champions – c’est bel et bien la charge émotionnelle de ce rendez-vous qui cristallise toute l’attention.

Mercredi 6 mai au soir, peu avant le coup d’envoi, le coach du Bayern Munich Pep Guardiola pénètrera de nouveau dans l’enceinte du Camp Nou, théâtre de sa domination sur l’Europe du football entre 2008 et 2012. À l’époque, sous sa coupe, le FC Barcelone avait tout raflé : quatorze trophées dont deux Ligues des champions (2009, 2011) en quatre saisons.

Cette fois, pour Guardiola, revenir au Camp Nou s'annonce déchirant : l'entraîneur catalan du Bayern Munich va retrouver sa "maison" avec le crève-cœur de devoir battre son équipe de toujours, le FC Barcelone. D’autant que, trois ans après son départ, l'ère Guardiola est déjà considérée en Catalogne comme un âge d'or, une période où le Barça a séduit le monde entier avec l'une des meilleures équipes de l'histoire du football.

Dans ces conditions, le retour du maître est un événement. "C'est la première fois que je reviens à Barcelone, à la maison. Bien sûr, ce sera spécial pour moi, avec beaucoup d'émotion", a reconnu l'entraîneur.

Pendant près de trois décennies, la trajectoire de Josep Guardiola i Sala a fidèlement épousé celle du Barça, où le Catalan de naissance a tout connu : ramasseur de balle au Camp Nou, jeune pousse du centre de formation – la célèbre Masia –, milieu de terrain de la "Dream Team" victorieuse de la première C1 du club en 1992, entraîneur de la réserve (2007-2008)...

Toutes les étapes, donc, jusqu'à devenir en 2008 l'entraîneur de l'équipe première, alors que son ancien équipier Luis Enrique Martinez prenait au même moment les rênes du Barça B.

Un Bayern aux accents catalans

Sept ans plus tard, c'est justement au tour de Luis Enrique, une autre figure du club, d'occuper le banc barcelonais. Avec, en ligne de mire, un fabuleux triplé Liga-C1-Coupe du Roi, qui n’est pas sans rappeler celui déjà réalisé par son ami Guardiola lors de sa première saison (2008-2009).

"Ce sera la première fois que je l'aurai en face de moi comme entraîneur, explique 'Lucho'. Cela sera spécial pour moi, tout comme pour ses anciens joueurs ici".

Lionel Messi, Andres Iniesta, Xavi Hernandez, Gerard Piqué... La plupart des figures du club ont débuté sous les ordres de Guardiola, père du style blaugrana de la fin des années 2000, que le Barça revendique toujours. Mais Pep, depuis son arrivée en Bavière en 2013, a également façonné le Bayern sur un modèle similaire.

Il prône un jeu ambitieux fait de redoublements de passes, de surnombre et de pressing très haut. Un jeu où la possession de balle est l'arme maîtresse. Un jeu que "son" Bayern pratique désormais.

Entre le recrutement du prodige barcelonais Thiago Alcantara, l’arrivée de plusieurs autres joueurs espagnols (Xabi Alonso et Juan Bernat) et le repositionnement inattendu du latéral Philipp Lahm au milieu, le Bayern s’est incontestablement "barcelonisé" sous l’impulsion de Guardiola. Résultat : le tout récent champion d’Allemagne revendique une possession de balle moyenne de plus de 70 % sur la saison !

Des déconvenues à oublier

Champion d'Allemagne en 2014 et en 2015, le coach catalan a pourtant fait grincer des dents en Bavière. "Si on continue comme ça, on sera comme le Barça. Plus personne ne voudra nous voir jouer parce que nos joueurs se passeront le ballon jusqu'à la ligne de but adverse", a notamment lancé Franz Beckenbauer, l’une des légendes du club.

Pour prendre le dessus sur ses détracteurs, Guardiola n’a d’autre choix que de remporter la Ligue des champions et effacer la gifle concédée face au Real Madrid en demi-finale de l’édition 2014 (1-0, 4-0). Et ce même si Barcelone reste son club de cœur. "J'ai un grand respect pour ce club, mais nous devons gagner", a-t-il prévenu.

De son côté, le Barça a lui aussi une lourde défaite à faire oublier : face au Bayern, justement, en demi-finale de l’édition 2013 (4-0, 3-0).

À l'époque, Messi était diminué par une blessure, ce qui ne sera pas le cas mercredi : l'Argentin et ses compères Neymar et Luis Suarez se présentent en pleine forme, après 26 victoires en 29 matches sur le début d’année 2015.

En face, le Bayern est moins verni. Il sera privé d'Arjen Robben et de Franck Ribéry, tandis que Robert Lewandowski, touché au nez et à la joue, devra jouer avec un masque de protection.

Qui aura la possession ? Qui proposera le pressing le plus efficace ? Une chose est sûre : les retrouvailles s'annoncent chaudes entre ces deux géants devenus presque jumeaux, au point de compter dans leurs rangs respectifs deux frères, Thiago et Rafinha Alcantara.

Avec AFP