
Si Manny Pacquiao et Floyd Mayweather trônent au sommet du monde de la boxe depuis une vingtaine d’années, les deux combattants ne se sont jamais affrontés. Et il s’en est fallu de peu pour que leur duel ne soit jamais organisé.
Depuis la fin des années 1990, le Philippin Manny Pacquiao et l’Américain Floyd Mayweather ont tout raflé dans le monde de la boxe. Deux décennies de carrière au terme desquelles ils pèsent, ensemble, 20 titres mondiaux et plus de 100 victoires.
Leur duel, programmé samedi 2 mai à Las Vegas (dimanche matin à 6 h, heure française), semblait une évidence, une nécessité. Mais il a tout de même fallu plus de cinq années d'âpres négociations pour en arriver là. Sans l'opiniâtreté d'un grand patron et sans un coup de pouce de la météo, le "combat du XXIe siècle" n'aurait peut-être pas eu lieu.
Organiser le choc entre Pacquiao et Mayweather n'aurait pourtant dû être qu'une formalité : ils sont les boxeurs les plus talentueux de leur génération et ont remporté leur premier titre mondial la même année, en 1998.
Au sommet depuis presque 20 ans, "Pac-Man", demi-dieu et député aux Philippines, et le sulfureux et richissime "Pretty Boy" (littéralement "beau gosse"), sont les rois du "noble art".
Dans le classement The Ring, qui fait référence dans le milieu, Mayweather, 47 victoires en autant de combats dont 26 avant la limite, est numéro 1, devant l'Ukrainien Wladimir Klitschko, le patron des lourds, et Pacquiao (57 victoires dont 38 par KO, 5 défaites et deux nuls).
Mais leur affrontement a longtemps paru impossible à cause de rivalités de promoteurs et de diffuseurs et de solides inimitiés personnelles.
La glace brisée grâce au patron de CBS…
En 2009, lorsque les premières négociations débutent, Mayweather et Pacquiao, alors encore invaincu et plus grande star que l'Américain, sont sous contrat avec le même diffuseur, la chaîne payante HBO.
Mais ils ne parviennent pas à s'entendre, notamment sur le protocole des contrôles antidopage d'avant match. Mayweather accuse même Pacquiao de dopage, ce qui les conduira devant un tribunal pour diffamation.
Les choses se gâtent lorsque Mayweather devient son propre promoteur et rompt avec Bob Arum, puis quitte en 2013 HBO pour rejoindre son rival Showtime qui lui fait signer un juteux contrat de plus de 200 millions de dollars.
S'ils s’invectivent régulièrement sur les réseaux sociaux, les deux stars semblent résignées à finir leur carrière sans s'affronter.
Jusqu'à ce que Leslie Moonves, grand patron du mastodonte audiovisuel CBS, maison-mère de Showtime, rencontre fortuitement dans un restaurant de Los Angeles Freddie Roach, l'entraîneur de Pacquiao.
"Il est ensuite venu plusieurs fois chez moi", a rappelé Bob Arum, promoteur du Philippin. "Il est revenu à la charge à plusieurs reprises et nous a montré qu'il était prêt à tout : il voulait savoir quelle somme pouvait convaincre Manny de donner son accord", a-t-il poursuivi.
…et aux caprices de la météo
Mais l'élément déterminant est un caprice de la météo : une tempête de janvier qui a empêché Pacquiao de quitter Miami où il avait été... juré d'un concours de beauté.
En bon amateur de basket-ball, il assiste à un match de l'équipe locale de NBA, le Miami Heat, où il croise Mayweather et lui parle pour la première fois. Les deux rivaux échangent leur numéro de portable et promettent de se reparler. Mayweather le rappelle dans la soirée.
"C'est là que Manny a compris que Floyd était déterminé à ce que ce combat ait lieu", explique Arum.
Le 20 février, le combat tant attendu, et aussitôt qualifié de plus rémunérateur de l'histoire, est officiellement annoncé.
Conscient qu’à 36 ans, il joue sa dernière chance de toucher le jackpot, Pacquiao accepte une répartition des gains en sa légère défaveur : 40 % pour lui contre 60 % pour son adversaire de 38 ans, déjà le sportif le mieux payé de la planète. HBO et Showtime, eux, se mettent d'accord pour se partager l'énorme manne financière estimée à plus de 300 millions de dollars.
Mais tout n'est pas résolu : il aura ainsi fallu attendre 10 jours avant "The Fight" pour que les deux parties trouvent un accord pour la répartition des 16 800 billets dont les plus chers se négocient à 10 000 dollars.
Avec AFP