Les autorités indonésiennes ont annoncé jeudi avoir donné l'ordre de préparer les exécutions de dix condamnés à mort, dont le Français Serge Atlaoui, 51 ans, emprisonné depuis dix ans en Indonésie.
Inflexibles, les autorités indonésiennes ont annoncé jeudi 23 avril avoir donné l'ordre de préparer les exécutions de dix condamnés à mort pour trafic de drogue, dont le Français Serge Atlaoui, 51 ans, emprisonné depuis dix ans en Indonésie. "L'ordre a été donné de lancer les préparatifs", a déclaré à l'AFP le porte-parole du bureau du procureur général, Tony Spontana. Aucune date n'a cependant été fixée pour les exécutions.
Jakarta a par ailleurs prié des ambassades d'envoyer des représentants à la prison de très haute sécurité où doivent être exécutés les condamnés à mort, majoritairement des étrangers, rapporte Reuters, ce vendredi.
"C'est exact, on nous a demandé d'être là samedi", a dit une source diplomatique qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat. "Nous ne savons pas quelle sera la date de l'exécution, mais nous nous attendons à ce que cela soit dans les jours à venir", a-t-elle encore déclaré. Elle a toutefois précisé ne pas avoir reçu la notification officielle habituellement transmise 72 heures avant l'exécution. Un porte-parole de la police a déclaré que l'ordre de préparer le peloton d'exécution n'a pas encore été transmis par les autorités.
Contacté par France 24, l’avocat français de Serge Atlaoui, Me Richard Sedillot, appelle à prendre cette information avec "beaucoup de prudence". "Il n’y a pas eu d’annonce officielle", rappelle-t-il. Jeudi à 20 heures (à Paris), ni l’avocate indonésienne du prévenu, ni sa famille, ni l’ambassadrice de France en Indonésie, Corinne Breuzé, n’avaient été prévenus.
"Est-ce une nouvelle fois de l’esbroufe du procureur – qui réclamait l’exécution de Serge avant même la décision de justice – ou une information réelle – ce qui est aussi possible? Nous n’avons pas de réponse à cette heure", a ajouté Me Sedillot.
Incarcéré depuis 10 ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, Serge Atlaoui a été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta et condamné en 2007 à la peine capitale. Cet artisan soudeur s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il pensait être une usine d'acrylique.
Outre le citoyen français, deux ressortissants australiens, un Brésilien, un Nigérian et une Philippine figurent Parmi les condamnés. Mardi dernier, la Cour suprême indonésienne a rejeté mardi le dernier recours de Serge Atlaoui, comme ceux des condamnés à mort étrangers, et les autorités de Djakarta ont ignoré tous les appels à la grâce de dirigeants étrangers.
La France a ainsi prévenu que les exécutions risquaient d’endommager ses relations avec l'Indonésie, tandis que l'Australie a sollicité à plusieurs reprises la clémence de la justice à l'égard d'Andrew Chan et Myuran Sukumaran. Le président François Hollande a déclaré jeudi qu'il fallait "tout faire jusqu'au dernier moment" pour que l'exécution de Serge Atlaoui n'ait pas lieu.
"Nous multiplions les contacts", a déclaré le président, indiquant qu'il avait eu en personne une discussion avec son homologue indonésien Joko Widodo."L'abolition de la peine de mort est pour nous un principe essentiel (...) Pour Serge Atlaoui la mort ne peut pas être la sanction", a affirmé François Hollande lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet européen.
Avec AFP et Reuters