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Attentat déjoué : Sid Ahmed Ghlam mis en examen

Sid Ahmed Ghlam, l'étudiant algérien soupçonné d'avoir planifié un attentat et d'être lié à un meurtre, a contesté les faits qui lui sont reprochés vendredi lors de sa garde à vue. Toutefois, il vient d'être mis en examen.

Sid Ahmed Ghlam, le ressortissant algérien soupçonné d'avoir voulu attaquer au moins une église en banlieue parisienne et d'être lié à un meurtre, a été mis en examen vendredi 24 avril, après cinq jours de garde à vue, pour un projet d'attentat au nom de l'islam contre au moins une église et pour l'assassinat d'une femme à Villejuif (Val-de-Marne).

Présenté le même jour à des juges antiterroristes parisiens, le prévenu "a contesté vigoureusement tous les faits qui lui sont reprochés", a déclaré un de ses avocats, Me Matthieu de Vallois, aux journalistes rassemblés devant l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, où le suspect avait été placé en garde à vue en raison de ses blessures.

Complices

De son côté, l’enquête se concentre sur la recherche de complices éventuels. La police est, selon plusieurs médias, à la recherche d'au moins un, peut-être deux personnes, notamment son fournisseur d'armes. "Ce type d'individu n'agit pas seul", "tout indique que cette attaque a été effectuée en liaison avec un individu qui pourrait être en Syrie", "une commande a été passée sans doute pour cibler une église", a expliqué jeudi, le Premier ministre Manuel Valls sur France Inter.

Les enquêteurs s'intéressent notamment à plusieurs personnes qui pourraient l'avoir aidé dans son projet, notamment celle qui lui aurait laissé à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) un véhicule où se trouvaient des armes, a indiqué une source policière. Selon cette source, c'est un contact à l'étranger, peut-être en Syrie, qui aurait précisé à Ghlam l'endroit où récupérer ces armes.

Ces éléments sont issus de l'exploitation des appels passés et des données de localisation des téléphones de Ghlam, qui montrent qu'il s'est rendu en Seine-Saint-Denis, selon des sources proches de l'enquête. Des traces d'ADN ont également été retrouvées sur certaines des armes, selon la source policière.

En outre, une femme de son entourage âgée de 25 ans a été interpellée mercredi à Saint-Dizier, en Haute-Marne, où est installée la famille de Sid Ahmed Ghlam et où il a vécu. Son lien précis avec le suspect n'était pas encore établi.

Documents falsifiés

Inconnu de la justice si ce n'est pour une plainte pour violences classée sans suite, cet étudiant en électronique avait falsifié des documents pour intégrer en septembre 2014 une formation à l'Université Pierre et Marie Curie à Paris, selon l'établissement. "En décembre 2014, il a été demandé de traduire l'intéressé devant la section disciplinaire pour présomption de falsification de documents administratifs officiels (relevé de note) en vue de son inscription à l'UPMC", indique l'université dans un communiqué.

Le jeune homme qui s'était inscrit à l'UMPC en septembre 2014, en troisième année de licence sciences et technologies santé mention électronique, énergie, électrique, automatique, n'assistait plus depuis octobre 2014 aux cours ni aux travaux dirigés auxquels il s'était inscrit. "Il ne s'est pas présenté aux examens en décembre 2014", précise l'université.

Un "féru de jeux vidéos"

Étudiant discret, mais actif sur les réseaux sociaux où il manifestait son attrait pour les terres de jihad, Sid Ahmed Ghlam était peu connu de ses voisins, tandis que ses professeurs le trouvaient "poli" et "respectueux". Tous ont découvert mercredi, après l'annonce de sa tentative d'attentat déjouée à Villejuif, un visage inconnu du suspect.

"On ne savait même pas s'il était musulman ou pas, pratiquant ou pas. En tout cas, si pratique il y avait, elle n'a jamais été dérangeante", confie à l'AFP un responsable de l'école d'informatique parisienne SupInfo, où l'étudiant algérien a étudié entre novembre 2011 et juin 2013. "Il n'est jamais venu avec nous à la mosquée le vendredi", renchérit Abdel, 23 ans, camarade de classe, qui se souvient surtout d'un "féru de jeux vidéos".

Avec son 1,75 m, sa silhouette "normale", son "style jean/converse/tee-shirt", Sid Ahmed Ghlam, 24 ans, ressemble à un étudiant comme un autre. En première année, "c'est un bon étudiant, ses résultats sont corrects et il passe en deuxième année sans problème", raconte le responsable de l'école. "En deuxième année, c'est plus compliqué. Ses résultats baissent, il décroche. En réunion pédagogique, il nous explique qu'il hésite à se réorienter. Il envisage de faire une troisième année puis finalement quitte l'école en juin 2013. Après, on perd tout contact".

Durant plus d'un an, entre juin 2013 et septembre 2014, on ne lui connaît pour l'instant pas de scolarité. C'est pendant cette période, au printemps 2014, qu'il est convoqué une première fois à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui soupçonne un profil radicalisé.

Avec AFP