logo

Au moins 800 personnes ont péri dans le naufrage dimanche de leur embarcation au large de la Libye, selon le dernier bilan revu à la hausse. Un Syrien et un Tunisien ont été arrêtés, soupçonnés d'être membres d'équipage du chalutier.

Ce sont 800 personnes qui sont mortes dans le naufrage du chalutier, dimanche 19 avril, au large de la Libye. Un bilan revu à la hausse que le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont obtenu après avoir interrogé 27 des survivants du drame, arrivés en Sicile.

Parmi eux se trouvaient un Tunisien et un Syrien, soupçonnés d'avoir été le capitaine et un membre d'équipage du chalutier. Ils ont été arrêtés par la police italienne.

Un 28e survivant avait été transporté d'urgence dimanche en raison de son état de santé et était déjà hospitalisé à Catane.

"Nous avons confronté les témoignages, il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10, 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Érythréens, des Somaliens... Ils étaient partis samedi à 8 h de Tripoli", en Libye, a déclaré la porte-parole du HCR, Carlotta Sami.

Selon le récit des survivants, le chalutier qui les transportait a chaviré sous l'effet d'un mouvement de foule alors qu'approchait un cargo portugais appelé à son secours.

Les garde-côtes italiens, qui ont repêché 24 corps, débarqués lundi matin à Malte, et 28 survivants, n'ont pas confirmé ce bilan.

"Pas de solutions rapides aux causes profondes des migrations"

L'Union européenne a décidé lundi de tenir jeudi un sommet extraordinaire pour répondre en urgence au drame des migrants en Méditerranée, après une série noire de naufrages qui ont fait des centaines de morts depuis le début de l'année.

La semaine dernière, quelque 450 migrants étaient déjà morts dans des accidents similaires, selon les autorités italiennes. La série noire semblait se poursuivre lundi : un bateau pneumatique, transportant 100 à 150 personnes, et un bateau plus vaste, avec quelque 300 personnes à bord, ont lancé un appel au secours alors qu'ils se trouvaient en difficulté au large de la Libye, selon le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Un migrant a appelé l'OIM, affirmant qu'il était en train de couler et que 20 passagers étaient déjà morts, une information qui n'a pas été confirmée.

"Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe", a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk, en annonçant la réunion extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement jeudi.

Mais il a prévenu "ne pas attendre de solutions rapides aux causes profondes des migrations, parce qu'il n'y en a pas". "S'il y en avait, nous les aurions mises en œuvre depuis longtemps", a-t-il insisté.

"Si nous n'agissons pas maintenant la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent", a prévenu le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos, en détaillant un plan d'action en dix points qui servira de "base de travail" aux dirigeants jeudi.

Ce plan a été soumis lundi aux ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur de l'UE. Il prévoit le doublement des moyens pour la mission de surveillance maritime Triton, qui pourra patrouiller dans une zone plus large et devra participer aux secours.

Une mesure plus audacieuse, de capture et de destruction des bateaux utilisés par les trafiquants, est également envisagée, mais elle devra recevoir le feu vert de l'ONU et vaincre les réticences de certaines capitales, notamment Londres.

L'UE mise sur la coopération avec les pays d'origine pour réguler les flux

L'UE semble prête à réexaminer la répartition des demandeurs d'asile au sein des 28, et non plus seulement en Italie, en Grèce, en Espagne, à Malte et Chypre, les principales portes d'entrée dans l'UE.

Les Européens se montraient jusqu'ici très frileux, craignant que le renforcement des secours en mer et l'engagement à accueillir plus de gens ne créent un appel d'air, alors que le flot de migrants n'a jamais été aussi élevé. Selon le Haut commissariat aux réfugiés, 35 000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année.

Les Européens misent aussi sur la coopération avec les pays d'origine et de transit pour mieux réguler les flux.

Ils pèsent ainsi de toutes leurs forces pour la formation d'un gouvernement d'union en Libye afin de mettre fin au chaos dans le pays, où l'organisation de l'État islamique (EI) s'est implantée. Bruxelles y voit le seul moyen d'endiguer durablement les départs de migrants africains et de réfugiés syriens massés sur ses côtes.

Avec AFP