Les autorités russes ont décidé de marquer le premier anniversaire de la guerre dans en Ukraine à leur façon. Dans une exposition choc, les organisateurs mettent en scène des "preuves" de la responsabilité de Kiev dans le conflit au Donbass.
Un an après le début du conflit dans le Donbass entre les rebelles pro-russes et le pouvoir ukrainien, les autorités russes ont imaginé une exposition intitulée "Preuves concrètes. Donbass. 365 jours" pour montrer la responsabilité de Kiev dans cette guerre. Visible à Moscou, cette exposition a des airs de propagande d’un autre temps.
Les visiteurs peuvent notamment découvrir des objets directement ramenés du front de l’Est, comme des milliers de douilles, des obus explosés ou encore un minibus soi-disant mitraillé par des soldats ukrainiens.
"J'en ai la chair de poule. C'est terrible ce qu'il s'y passe. J'ai été militaire moi-même, j'en ai vu des choses, mais là…Voir notre voisin faire ça à son propre peuple, cela me terrifie", commente Igor, un Moscovite d’origine ukrainienne.
La mise en scène se veut ainsi particulièrement angoissante. Dans une salle ensanglantée, de faux blessés gisent sur des brancards, alors qu’un peu plus loin des civils sont terrés dans des caves.
Crimes de guerre et propagande
Une reconstitution choc qui ne laisse pas les touristes indifférents, comme Alexandre, venu d’Orenbourg dans l’Oural : "On a vraiment l'impression d'y être. Quand on regarde les infos a télé, c'est comme si on était au cinéma, loin de tout ça. Ici c'est réel, on prend conscience de la guerre avec ses bruits et l'odeur de poudre".
Une stèle qui, il y a deux semaines, trônait encore à l’entrée de la ville de Debaltseve, théâtre de féroces combats, est exposée. Démontée par des habitants de Donetsk, elle a été rapportée à Moscou avec l'aval des leaders séparatistes. "Nous remercions ces gens qui ont, malgré les dangers, apporté ces objets ici. Ils ont pris de grands risques pour nous les faire parvenir", explique Andrea Wiber, le commissaire de l’exposition, un Allemand qui ne cache pas ses sympathies pour le pouvoir de Moscou. "La question qu'on pose ici, c'est celle de savoir pourquoi l'Ukraine mène cette guerre, pourquoi les civils sont bombardés, simplement parce qu'ils parlent russe", insiste-t-il.
Financée par des donateurs russes qui souhaitent garder l'anonymat, l'exposition reprend les grandes lignes de la position officielle du Kremlin en accusant les autorités ukrainiennes de crimes de guerre. Kiev a déjà vivement réagi en dénonçant un nouvel acte de propagande. Mais l'exposition n’est pas près de fermer ses portes. Andrea Wiber souhaite même l'exporter vers des grandes villes européennes, comme Berlin ou Paris.