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L'armée serait sur le point de contrôler la totalité de l'île

L'armée sri-lankaise dit avoir tué plus de 70 rebelles tamouls qui tentaient de fuir la poche dans laquelle les Tigres sont acculés, dans le nord-est du pays. Selon l'armée, tous les civils piégés dans la zone de combats ont été libérés.

REUTERS - L'armée sri-lankaise a annoncé dimanche que les rebelles tamouls cernés dans leur dernier réduit du nord-est de l'île lançaient des attaques suicides contre les forces gouvernementales.

Celles-ci ont annoncé avoir pu sauver tous les civils qui étaient pris au piège dans la zone des combats, aujourd'hui limitée à un kilomètre carré à peine.

"Des officiers des forces rebelles se dirigent vers les troupes gouvernementales sur la ligne de front et se font exploser", a dit le porte-parole de l'armée, le général Udaya Nanayakkara.

"Tous les civils de Vellimullivaikal ont été sauvés - plus de 50.000 depuis jeudi - mais les combats se poursuivent", a-t-il ajouté.

Vendredi, l'armée avait affirmé qu'il ne lui faudrait sans doute pas plus de quarante-huit heures pour libérer les dizaines de milliers de civils qui servaient de boucliers humains aux Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

Le président sri-lankais Mahinda Rajapaksa, qui était en visite officielle en Jordanie, est rentré dimanche matin dans son pays, après avoir annoncé la "défaite militaire" des Tigres après un quart de siècle de guerre civile.

Les forces gouvernementales ont pris samedi le contrôle de la totalité du littoral de l'île, pour la première fois depuis vingt-cinq ans.

Les Tigres ne semblent pas vouloir se rendre et 70 d'entre eux ont été tués alors qu'ils tentaient de traverser à bord de six embarcations le lagon de Nanthikadal, dans l'ouest de la zone de guerre, a précisé l'armée.

L'incertitude règne sur le sort de leur chef et fondateur, Vellupillai Prabhakaran, et de son état-major. Une énorme explosion a été entendue à l'intérieur d'un bunker des rebelles. Par le passé, Prabhakaran a dit à plusieurs reprises qu'il ne se laisserait pas prendre vivant.

Samedi, près de 37.000 personnes ont encore fui les combats pour gagner les zones tenues par l'armée.


Emissaire de l’ONU

Le site internet pro-séparatiste www.TamilNet.com affirme que des milliers de blessés ont été abandonnés à leur sort, sous le feu continu de l'artillerie gouvernementale.

Le président Rajapaksa devrait prononcer une allocution télévisée dimanche soir ou lundi pour annoncer officiellement la défaite de l'insurrection tamoule, a-t-on appris dans son entourage.

Une "Journée de la libération" sera alors proclamée et célébrée ensuite chaque année, a-t-on précisé de même source.

L'assaut final contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, auquel participent 50.000 soldats sri-lankais, survient alors que le directeur de cabinet du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, Vijay Nambiar, est attendu dimanche pour la deuxième fois à Colombo.

Il tentera de convaincre les autorités de la nécessité d'une fin négociée au conflit.

La visite de Nambiar et les appels des Nations unies semblent arriver trop tard pour faire cesser le combat que vont se livrer jusqu'au bout le gouvernement soutenu par la majorité cinghalaise et les Tigres de la minorité tamoule.

Les Tigres ont de nouveau refusé cette semaine de se rendre et de libérer les civils, tandis que le gouvernement rejetait les appels à la trêve lancés pour protéger la population.

Samedi, ils ont fait savoir qu'en cas de victoire militaire du gouvernement, une nouvelle phase du conflit s'ouvrirait.

"La volonté de Colombo de finir la guerre en 48 heures par un carnage et un bain de sang pour les civils ne résoudra jamais un conflit qui dure depuis des décennies. Au contraire, cela ne fera qu'aggraver la crise pour la porter à des niveaux imprévisibles", a déclaré le responsable de la diplomatie du LTTE S. Pathmanathan sur le site tamil.net.

Pathmanathan, qui est depuis des années le principal fournisseur d'armes des Tigres, est recherché par Interpol. Selon des diplomates, il se cacherait quelque part en Asie du Sud-Est, sans doute en Malaisie, en Thaïlande ou au Cambodge.

Le fondateur des LTTE, Vellupillai Prabhakaran, a commencé son combat pour un Etat séparé pour la minorité tamoule au début des années 1970. Ce combat a débouché sur une guerre civile à partir de 1983.

La guerre dans l'ex-Ceylan a fait au moins 70.000 morts depuis 1983.