
La coalition emmenée par le Premier ministre Manmohan Singh est arrivée largement en tête des élections législatives, selon des résultats partiels. Le leader du BJP, le parti nationaliste hindou, a dit "accepter le verdict du peuple".
AFP - Le Parti du Congrès au pouvoir en Inde et ses alliés ont triomphalement remporté les élections législatives tenues entre la mi-avril et la mi-mai et formeront le prochain gouvernement dirigé par le Premier ministre sortant Manmohan Singh.
Les résultats partiels et projections de la Commission électorale pour les 543 sièges de l'Assemblée accordaient 250 députés à l'Alliance unie et progressiste (UPA) conduite par le Parti du Congrès (centre-gauche, laïc) contre 160 à l'Alliance nationale et démocratique (NDA) menée par le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP, droite hindoue).
A lui seul, le Congrès a raflé 190 sièges, sa meilleure performance depuis 1991.
Les résultats complets sont attendus dans la nuit, ou dimanche matin.
"Le peuple de l'Inde sait ce qui est bien pour lui et fait toujours le bon choix", a exulté l'influente présidente du Parti du Congrès, Sonia Gandhi, en compagnie de M. Singh, tout sourire.
"J'attends de tous les partis politiques laïcs qu'ils enterrent leurs disputes passées et se rassemblent pour donner à ce pays un gouvernement fort et stable, dans un esprit de camaraderie", a plaidé celui qui sera reconduit comme Premier ministre, à l'adresse de ses ex-alliés communistes qui avaient fait défection en juillet 2008.
La fête battait son plein au siège du parti à New Delhi.
Des partisans brandissaient des portraits de M. Singh, 76 ans, et de Mme Gandhi, Italienne d'origine, veuve de l'ex-Premier ministre assassiné Rajiv Gandhi et héritière avec ses enfants Rahul et Priyanka de la dynastie Nehru-Gandhi.
Le BJP, de l'opposition nationaliste hindoue emmenée par Lal Krishna Advani, 81 ans, a dit "accepter le verdict du peuple".
Les législatives indiennes, surnommées "le plus grand exercice démocratique au monde", s'étaient déroulées en cinq phases du 16 avril au 13 mai, avec la participation d'environ 60% des 714 millions d'électeurs.
La victoire beaucoup plus nette que prévu du Congrès permet d'envisager un gouvernement de coalition plus solide que ce que redoutaient des analystes.
Mais pour diriger un mastodonte de 1,17 milliard d'âmes --mosaïque d'ethnies, cultures et castes, aux 18 langues officielles et au paysage politique complètement éclaté-- le Congrès devra encore marchander avec des partis régionaux pour monter une coalition stable.
D'autant que ses anciens alliés communistes "ont enregistré un grave revers" dans leurs Etats du Bengale occidental (est) et du Kerala (sud), a déploré Prakash Karat, secrétaire général du Parti communiste de l'Inde-Marxiste (PCI-M).
De fait, l'Inde a besoin d'un gouvernement qui tienne la route au moment où elle traverse une mauvaise passe.
La 10e économie mondiale est en plein ralentissement en raison de la récession venue d'Occident qui a quasiment divisé par deux en deux ans son taux de croissance (de 9% en moyenne entre 2004 et 2008 à 5,5% prévu en 2009).
L'Inde reste aussi le pays des inégalités sociales criantes --avec 620 millions d'Indiens vivant avec moins de 1,35 dollar par jour-- et la proie de tensions inter-religieuses entre la majorité hindoue (80,5%) et les minorités musulmane (13,5%) et chrétienne (2,3%).
Cette puissance atomique craint également d'être prise "au milieu d'un anneau de feu", entre un Pakistan chaotique, un Sri Lanka en guerre et un Bangladesh ou un Népal fragiles. L'Inde reste enfin traumatisée par les attentats de Bombay fin novembre (174 tués) imputés à un groupe islamiste pakistanais et est fragilisée par ses insurrections maoïstes, islamistes ou régionalistes.
Selon la Constitution de la République de l'Inde du 26 janvier 1950, le gouvernement doit être mis sur pied d'ici au 2 juin.