Selon les premiers éléments de l'enquête sur le crash d'un avion d'Air Algérie, qui a fait 116 morts en juillet 2014 au Mali, l'équipage n'aurait pas activé le système de protection contre le givre de certains capteurs.
Le crash du vol AH5017 d’Air Algérie, en juillet 2014, qui a fait 116 morts dont 54 Français, pourrait être dû à une négligence des pilotes. Ils n’auraient vraisemblablement pas activé un système anti-givre, ce qui a conduit au dysfonctionnement des capteurs de pression, indique le Bureau d'enquêtes et analyses (BEA).
Dans un communiqué daté de jeudi, publié sur son site Internet, le BEA donne une première analyse du décrochage du McDonnel Douglas MD-83, qui s’est désintégré en touchant le sol dans le nord du Mali, le 24 juillet 2014. L’appareil, qui reliait Ouagadougou à Alger, avait d’abord atteint "sans événement significatif" son altitude de croisière de 31 000 pieds (9 500 mètres).
Pas de manœuvre de récupération du décrochage
Mais environ deux minutes plus tard, la valeur du "paramètre principal de conduite des moteurs" (EPR) est devenue "erronée sur le moteur droit puis environ 55 secondes plus tard sur le moteur gauche. [...] Ceci est vraisemblablement le résultat du givrage des capteurs de pression, situés sur le cône de nez des moteurs", indiquent les enquêteurs.
"Si le système de protection contre le givrage des moteurs est activé, ces capteurs de pression sont réchauffés par de l'air chaud", explique le BEA, qui poursuit : "L'analyse des données disponibles indique que l'équipage n'a vraisemblablement pas activé ces systèmes au cours de la montée et de la croisière." Ces informations erronées transmises par les capteurs ont eu pour conséquence de "limiter la poussée délivrée par les moteurs", et donc de ralentir la vitesse de l'avion, jusqu'à provoquer son décrochage. "Les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage", peut-on lire dans le communiqué.
Un incident connu
Le BEA, qui doit publier en décembre son rapport final sur ce crash, précise que les travaux d'analyses se poursuivent afin de compléter le scénario évoqué et de tenter de connaître les réactions de l'équipage, bien que l'enregistreur des conversations dans le cockpit soit inexploitable.
Il fait part "d'au moins deux événements similaires" en 2012 et 2014, liés à un givrage de capteurs sur des appareils McDonnel Douglas. Ces événements n'ont pas eu de conséquences graves parce qu'ils avaient été détectés et corrigés à temps par les équipages.
Il indique aussi que ces événements, ainsi que les premiers éléments d'enquête concernant le vol d'Air Algérie "devront servir de base à la publication prochaine de mesures correctrices visant à aider les équipages à identifier et à faire face à une situation similaire à celle rencontrée lors de cet accident."
Avec AFP et Reuters