
Sous la pression des raids menés par l’Arabie saoudite, les rebelles houthis ont dû battre en retraite à Aden, dans le sud du Yémen. Parallèlement, Al-Qaïda a pris le contrôle d'une importante base militaire dans le sud-est du pays.
Alors que l'opération militaire arabe, menée par l'Arabie saoudite afin d’empêcher les rebelles chiites houthis de prendre le pouvoir au Yémen, semble porter quelques fruits, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) étend sa mainmise dans le sud-est du pays.
Vendredi 3 avril, au neuvième jour de l'opération saoudienne, et sur fond de désorganisation des structures de l'État, le groupuscule extrémiste sunnite a procédé à une véritable démonstration de force en prenant, sans résistance selon des responsables, le quartier général de l'armée et le port de Moukalla (sud-est).
Le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir ce samedi 4 avril pour discuter d'une proposition russe d'instaurer des "pauses humanitaires dans les frappes aériennes" au Yémen.
En deux semaines, les combats ont fait 519 morts et près de 1 700 blessés dans le pays, a indiqué jeudi la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos, "extrêmement inquiète" pour la sécurité des civils.
Des centaines de combattants sont déployés depuis jeudi dans ce chef-lieu de la province du Hadramaout, où vivent plus de 200 000 habitants. Seuls l'aéroport et quelques camps militaires proches leur échappent encore, selon une source militaire. Dans l'après-midi de vendredi, des jihadistes paradaient dans les rues ; et la population, effrayée, commençait à fuir.
La veille, Al-Qaïda avait libéré près de 300 détenus en donnant l'assaut à la prison centrale, et, selon des habitants, lancé depuis des mosquées des appels "au jihad contre les chiites", confirmant le risque d'une guerre confessionnelle dans ce pays pauvre de la péninsule arabique, où les combats ont fait plus de 500 morts en deux semaines.
Vendredi, deux gardes-frontières saoudiens ont été tués par des tirs en provenance du Yémen, portant à trois le nombre de gardes-frontières tués depuis mercredi.
Ennemis jurés
Ennemis jurés, mais tous deux hostiles au pouvoir du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, les Houthis et Al-Qaïda s'étaient violemment affrontés ces derniers mois. Rebelles chiites et Al-Qaïda "ont les mêmes objectifs [...] contre la population yéménite, contre la sécurité de la région et du monde", a réagi le porte-parole de la coalition, le général Ahmed Assiri, devant des journalistes.
Soumis à d'intenses bombardements nocturnes de la coalition à Aden (sud), la deuxième ville du Yémen, les rebelles Houthis et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont dû battre en retraite du palais présidentiel qu'ils avaient pris la veille.
Au sol, ils font face aux combattants des Comités populaires, une force paramilitaire soutenant le président Hadi qui, fin mars, a dû quitter précipitamment son fief d'Aden pour se réfugier en Arabie saoudite.
Ce dernier a succédé en 2012 à Ali Abdallah Saleh, poussé au départ par une contestation populaire après plus de trois décennies au pouvoir. L'ex-président est soupçonné d'avoir aidé les rebelles Houthis (qu'il avait par ailleurs combattus pendant des années), liés à l'Iran chiite, dans leur offensive lancée en septembre 2014 et qui leur a permis de s'emparer de vastes régions dont la capitale Sanaa.
Le porte-parole de la coalition, le général Assiri, a affirmé que "les milices ont été défaites, et sont cantonnées dans certaines zones d'Aden [...], nous les isolons de tout éventuel soutien venu de l'extérieur".
La coalition a en outre procédé au parachutage près du port d'Aden de munitions et d'armes, dont des kalachnikovs, des fusils de snipers et du matériel de télécommunication, selon une source portuaire. Elle a précisé qu'un stock de vivres et de médicaments avait été acheminé par bateau.
Parallèlement, dans la province d'Abyane, onze rebelles ont péri vendredi dans une embuscade tendue par des membres des Comités populaires près de Loder, selon des paramilitaires.
Des dissensions sont apparues au sein des forces armées ralliées aux rebelles. Des militaires de la 17e brigade d'infanterie, déployée près du détroit de Bab Al-Mandeb, "se sont rebellés contre leur commandant [...] qui s'est rallié cette semaine [aux Houthis]", a déclaré à l'AFP un officier de cette unité, faisant état d'accrochages au sein de la brigade.
Avec AFP