Trois responsables de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy ont été mis en examen vendredi dans le cadre de l'affaire Bygmalion portant sur de fausses factures pour un montant de 18,5 millions d'euros.
Guillaume Lambert, l'ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy et actuel préfet de Lozère, Philippe Briand, député UMP et ancien trésorier de la campagne, ainsi qu'un avocat du parti, Philippe Blanchetier, ont tous trois été mis en examen vendredi 3 avril pour usage de faux, escroquerie, recel d'abus de confiance et complicité de financement illégal de campagne électorale dans l'enquête sur un vaste système de fausses factures durant la présidentielle de 2012.
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Les trois hauts responsables de la campagne de l'actuel président de l'UMP portent ainsi à dix le nombre de personnes mises en examen dans ce dossier.
Les enquêteurs ont la conviction que les trois hommes ont participé à la mise en place d'un système de fausses factures pour que l'UMP prenne en charge environ 18,5 millions d'euros de dépenses de la campagne du président sortant. But de la fraude : empêcher que ces frais de meetings soient inscrits au budget de campagne et n'explosent le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros, qui a finalement quand même été dépassé.
Dans ce but, une filiale de Bygmalion, Event and Cie, a émis des fausses factures à l'UMP, pour des dizaines d'événements, dont certains n'ont pas été organisés. Les coûts des meetings auraient été systématiquement minorés dans les comptes de campagne présentés notamment au Conseil constitutionnel, d'où la qualification d'escroquerie.
Impossible maîtrise des coûts
Les juges veulent savoir qui était au courant de la fraude, qui en a donné l'ordre et à quel moment de la campagne.
Guillaume Lambert, Philippe Briand et Philippe Blanchetier participaient notamment aux réunions de "suivi financier" de la campagne, selon le témoignage figurant au dossier d'une ancienne cadre de l'UMP mise en examen, Fabienne Liadzé.
Or, dès les premiers meetings, les prix annoncés par Event and Cie ont fait grincer des dents dans l'équipe de campagne. Le patron de la société, Franck Attal, a confirmé aux juges qu'on lui avait demandé de baisser les tarifs. Mais "la machine s'emballait" et "on me demandait de nouvelles prestations" qui rendaient impossible une maîtrise des coûts, a-t-il confié, selon une source proche du dossier. Il assure avoir prévenu Guillaume Lambert et Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, de ce problème de surcoûts, mais "ils me répondaient qu'il fallait le faire".
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Guillaume Lambert a déjà affirmé qu'il n'avait jamais été question pour lui d'un maquillage des comptes. Signataire du compte de campagne, Philippe Briand avait assuré n'avoir fait "que du propre".
Quant à Nicolas Sarkozy, qui n'a pas été entendu dans ce dossier, il avait contesté l'existence même d'un "système de double facturation", assurant qu'il n'avait "appris le nom de Bygmalion" que "longtemps après la campagne présidentielle".
Avec AFP