
Plusieurs membres du gouvernement français ont vivement critiqué, jeudi, les propos incendiaires d’Arnaud Montebourg à l’encontre de la politique économique française.
Arnaud Montebourg vs le gouvernement, un acte sans fin. Les violentes critiques de l’ex-ministre de l’Économie socialiste, dans "Les Échos" de mercredi 1er avril, n’ont pas laissé l’actuelle équipe dirigeante de marbre. Prévisible : Arnaud Montebourg développe avec véhémence, dans le quotidien économique, l’idée que la politique économique de François Hollande ne diffère pas de celle de la droite et qu’elle n’en finit pas d’échouer.
La réponse à Arnaud Montebourg a été apportée par Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement. Il a qualifié, jeudi 2 avril sur RTL, les propos de son ancien collègue au gouvernement de "destructeurs". Et d'ajouter que les arguments de l’ex-star du "Made in France" étaient "violents, outranciers, incohérents" et incarnaient "une certaine gauche mortifère, [qui est] dans le déni des responsabilités".
L’actuel ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a également répondu à son prédecesseur sur l’air du "Je ne veux pas polémiquer mais quand même". "Il y a une élégance et un principe républicain qui est qu’on ne commente pas ce que fait son successeur", a-t-il reproché à Arnaud Montebourg sur BFM.
Le patron de Bercy n’a pas voulu aller beaucoup plus loin, se contentant de tacler, au passage, la "démondialisation" chère à Arnaud Montebourg. "C'est une illusion et une partie parfois de la gauche vit sur cette illusion", a-t-il soutenu.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a préféré, quant à lui, prendre son détracteur du jour de haut. "Il s’occupe de design maintenant", a-t-il rappelé, faisant référence au poste de vice-président d’Habitat qu’Arnaud Montebourg occupe depuis la mi-mars.
Montebourg n’épagne aucun poids lourd du gouvernement
Ces vives réactions démontrent que l’ancien ministre, même retraité de la politique et reconverti en entrepreneur spécialiste des meubles, est toujours capable de mettre l’appartement socialiste sens dessus dessous.
Il faut souligner qu’Arnaud Montebourg n’a épargné aucun poids lourd du gouvernement actuel dans l’entretien qu’il a accordé aux "Échos". "Si j’étais resté en place, je n’aurais pas cédé face aux corporatismes des professions réglementées, et je n’aurais pas renoncé à certaines protections des salariés, qui ont fait perdre au gouvernement sa majorité sur ce texte”, indique-t-il, sous-entendant qu’Emmanuel Macron avait davantage prêté l’oreille aux représentants des "professions reglementées" qu’aux salariés fragilisés.
Il accuse l’actuel Premier ministre, Manuel Valls, d’avoir participé - au même titre que son prédécesseur - à la paupérisation de la classe moyenne. "Une étude de l’OFCE montre que la perte moyenne de pouvoir d’achat par ménage de 2011 à 2014 - sous l’action des gouvernements Fillon, Ayrault et Valls -, a atteint 1 650 euros. C’est considérable”, a-t-il martellé.
Quant au président Hollande, Arnaud Montebourg affirme ne pas l’avoir revu ni lui avoir parlé depuis son départ du gouvernement en août 2014. Ce qui ne l’empêche pas d’assurer que le quinquennat de François Hollande est "loin des promesses de 2012" et que l’ère hollandiste qui devait être celle de la "décroissance du chômage est celle de l’hémorragie du chômage". La droite n’aurait pas pu mieux dire.