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Grève reconduite jusqu'à lundi à Radio France : le gouvernement s’en mêle

Manuel Valls a appelé vendredi à la fin de la grève à Radio France, qui dure depuis le 19 mars et doit se prolonger jusqu'à lundi inclus. Le groupe est menacé par un plan de départ de plusieurs centaines de personnes.

Au neuvième jour de grève chez Radio France, le Premier ministre français est sorti de son silence. "Il faut que cette grève s'arrête", a tempêté vendredi 27 mars Manuel Valls sur la chaîne iTELE. "Il faut que le dialogue social reparte sur de bonnes bases […] Il faut que Mathieu Gallet [le PDG du groupe, NDLR] assume pleinement ses responsabilités."

Vendredi en AG, les syndicats ont décidé de reconduire la grève jusqu'à lundi soir, juste avant d'entrer à nouveau en négociations avec la direction, au risque de perturber la couverture des élections.

Depuis le 19 mars, les chaînes publiques de l’emblématique groupe de radio diffusent en effet davantage de chansons que d’informations, en raison d'un mouvement social qui paralyse les antennes.

Antenne toujours perturbée ce matin mais journaux complets sur @franceinfo toute la matinée. Nous sommes à Seyne les Alpes et ailleurs

— Fabienne Sintes (@FabSintes) 25 Mars 2015

Cette grève durable - la plus longue depuis 2004 - a été provoquée par une situation budgétaire inédite. Pour la première fois de son histoire, Radio France est lourdement déficitaire, prise en ciseau entre une baisse de la dotation de l'État et des charges - dont 60% de masse salariale - qui continuent à croître. Le budget 2015 prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros, une situation jugée alarmante par les syndicats.

"Nous n'avons plus confiance en vous", Mathieu Gallet

Au milieu de ce marasme budgétaire, le président Mathieu Gallet a annoncé, mardi 24 mars, qu'il envisageait des mesures de départs volontaires pour 200 à 300 seniors, afin d'économiser 17 à 24 millions d'euros sur la masse salariale d'ici 2019.

Une mesure très mal perçue par les syndicats, alors que le président du groupe est lui-même éclaboussé par un scandale portant sur d'importants frais de rénovation de son bureau. Selon des informations révélées par "Le Canard enchaîné", Mathieu Gallet aurait dépassé de 70 000 euros le budget alloué à cette rénovation. Ce surcoût correspond, selon l'intéressé, à l'entretien des boiseries qui dateraient des années 1960. Une autre polémique concerne le recrutement, aux frais de Radio France, d'un conseiller pour gérer l'image de Mathieu Gallet.

Ce dernier a présenté ses excuses au personnel des radios du groupe, affirmant une nouvelle fois que la décision de rénover son bureau avait été prise fin 2013, avant son arrivée à la tête de la "maison ronde".

"Nous n'avons plus confiance en vous", a rétorqué mardi le syndicat SUD. "Il va falloir des actes forts, un projet digne des attentes du public et des salariés. Faute de cela le conflit durera."

La ministre de la Culture Fleur Pellerin a pour sa part demandé à Mathieu Gallet de présenter sous 15 jours un plan stratégique "stabilisé" et ferme.

En décembre, Mathieu Gallet avait laissé entendre, dans les colonnes de "Libération", que Radio France pourrait fermer des stations comme le Mouv' ou Fip, avant de démentir ensuite tout projet en ce sens

Avec Reuters et AFP