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Nucléaire iranien : offensive diplomatique de Téhéran sur fond de conflit yéménite

Le président iranien Rohani redouble d'efforts diplomatiques en vue d'un accord sur son programme nucléaire. Les négociations ont repris à Lausanne, alors que l'Arabie saoudite a lancé une offensive au Yémen contre les Houthis, soutenus par Téhéran.

Les négociations sur le nucléaire iranien sont entrées dans leur dernière ligne droite. Le président iranien l'a compris et entend bien décorcher un compromis avant mardi. Il a ainsi lancé une offensive diplomatique exceptionnelle auprès des dirigeants des grandes puissances, alors que les pourparlers doivent se poursuivre à Lausanne  vendredi 27 mars.

Le chef d'État iranien a ainsi appelé un par un ses homologues français François Hollande, russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, et le Premier ministre britannique David Cameron, mettant tout son poids dans la balance cinq jours avant la date butoir du 31 mars, fixée par les négociateurs pour aboutir au minimum à un accord de principe sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

Il a également envoyé des lettres aux dirigeants de tous les pays du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) pour évoquer les négociations nucléaires. La Maison Blanche a confirmé avoir reçu cette lettre, remise à la délégation américaine à Lausanne.

Hassan Rohani et Barack Obama se sont parlé au téléphone une seule fois, fin 2013, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, alors que les deux pays n'ont toujours pas rétabli leurs relations diplomatiques, rompues depuis 35 ans.

À ses interlocuteurs au téléphone, Hassan Rohani a répété l'une des exigences invariables de Téhéran, "l'annulation totale des sanctions" internationales qui asphyxient l'économie iranienne, selon le site de la présidence. La question des sanctions reste l'une des pierres d'achoppement des négociations.

Ces appels exceptionnels du président iranien interviennent alors que des discussions intenses ont repris jeudi dans la ville suisse de Lausanne, où se sont retrouvés le secrétaire d'État américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Le facteur yéménite

Les négociations sur le nucléaire iranien, relancées il y a plus d'un an, doivent aboutir avant la fin du mois à un accord politique, ou au minimum une entente, avant un accord final englobant tous les aspects techniques d'ici le 30 juin.

Toutefois, les tractations ont repris dans un contexte régional extrêmement tendu, puisqu'elles coïncident avec le lancement de l'intervention militaire contre les rebelles chiites houthis au Yémen, soutenus par Téhéran, par une coalition conduite par l'Arabie saoudite sunnite.

L'Iran a vigoureusement condamné jeudi cette intervention, soutenue par les États-Unis, qualifiée d'"agression militaire" par le président Rohani.

La Maison Blanche a exprimé de son côté son inquiétude concernant les "activités iraniennes" au Yémen, où les rebelles chiites houthis ont pris le contrôle de plusieurs grandes villes et menacent désormais Aden, au sud.

"Nous avons des inquiétudes concernant les activités iraniennes au Yémen et les informations sur le transfert iranien d'armes, qui contribuent à la déstabilisation et à la menace pesant sur le gouvernement légitime", a déclaré Alistair Baskey, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain (NSC).

Mais Washington se veut rassurant : l'opération menée au Yémen par l'Arabie saoudite avec un appui logistique des États-Unis n'aura "pas d'impact" sur les négociations, a assuré un haut responsable américain. John Kerry a toutefois "brièvement évoqué la question du Yémen" avec son homologue iranien, a indiqué un porte-parole du département d'État.

Les puissances régionales, Arabie saoudite et Israël en tête, s'opposent vigoureusement à un compromis avec l'Iran. Riyad a répété qu'il ne fallait pas donner à Téhéran "des accords qu'il ne mérite pas", et Israël a prévenu qu'il continuerait à s'opposer à un accord.

La communauté internationale soupçonne depuis le début des années 2000 l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique - ce que Téhéran dément - et réclame de strictes garanties sur son programme nucléaire, en échange d'une levée progressive des sanctions internationales (américaines, européennes et onusiennes).

Avec AFP