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Barrage sur le Nil : accord de principe entre l'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan

Les dirigeants égyptien, éthiopien et soudanais ont signé lundi un accord de principe pour la construction d'un barrage sur le Nil bleu, en Éthiopie. Le Caire, qui craint une baisse sensible du débit du fleuve, reste méfiant.

Signe que les tensions diplomatiques – très fortes au début du projet – se sont estompées, le Soudan, l'Égypte et l'Éthiopie ont signé, lundi 23 mars à Khartoum, un accord de principe pour la construction du barrage éthiopien Grande renaissance, situé sur le Nil bleu.

>> Regardez notre grand reportage : "Éthiopie : le barrage de la discorde"

"Je réaffirme que la construction du barrage Grande renaissance ne nuira pas à nos trois États, et en particulier au peuple égyptien", a assuré le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, dont le pays est à l'origine du projet. Le président soudanais Omar el-Béchir a salué quant à lui un accord "historique" aux "conséquences positives pour la sécurité" régionale.

Sissi reste prudent

L'Égypte, qui dépend à 90 % du Nil pour s'approvisionner en eau potable et alimenter son secteur agricole, redoutait que le barrage éthiopien n'affecte le débit du fleuve. Le Caire considère que ses "droits historiques" sur le Nil sont garantis par deux traités datant de 1929 et 1959 lui accordant ainsi qu'au Soudan des droits sur 87 % du total du débit du Nil, et un droit de véto sur tout projet en amont du fleuve.

Lundi, le président égyptien Al-Sissi s’est montré rassuré mais prudent. "Nous avons choisi de coopérer, et de nous faire confiance mutuellement dans l'intérêt du développement", a-t-il commenté, rappelant qu'il "s'agit d'un accord de principe qui doit être complété". L'accord final, selon Sissi, "sera bénéfique à l'Éthiopie, sans nuire aux intérêts de l'Égypte et du Soudan". "Vous allez vous développer et croître et je vous soutiens, mais soyez attentifs au fait qu'en Égypte, la population ne vit que de l'eau qui provient de ce fleuve", a averti Abdel Fattah al-Sissi.

"Barrage du millénaire"

Cet accord comprend dix points, prévoyant d'"user équitablement des eaux (du Nil), de ne pas nuire aux intérêts des autres États" et de mettre en place "un mécanisme pour résoudre les différends", a expliqué le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Hossam Mohamed al-Moughazi. Il n'a pas précisé la date à laquelle serait signé l'accord final.

Les travaux de détournement des eaux du Nil bleu ont débuté en mai 2013, en Éthiopie. L’ouvrage, également baptisé "Barrage du millénaire", doit être achevé en 2017 et produire 6 000 megawatts d’électricité, de quoi fournir de l’électricité à bas coût jusqu’au Maroc et en Afrique du Sud. Il est voué à devenir le plus grand d’Afrique, s'étendant sur 1 780 mètres, pour une hauteur de 145 mètres, selon les autorités éthiopiennes. Le projet de 4,2 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros), selon Addis Abeba, a été attribué à la société italienne Salini Impregilo S.p.A.

Avec AFP et Reuters