logo

Colombo ne cèdera pas aux pressions internationales

Alors que les ONG s'alarment face à l'ampleur de la crise humanitaire, le gouvernement sri-lankais reste sourd aux appels répétés de la communauté internationale pour arrêter son offensive contre les rebelles tamouls.

AFP - Le gouvernement sri-lankais a une nouvelle fois jeudi rejeté les pressions internationales pour arrêter sa guerre contre les rebelles tamouls, tandis que le CICR a fait état d'une "catastrophe humanitaire inimaginable" dans la zone des combats.

"Nous n'allons pas céder à la pression internationale pour stopper l'offensive" contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a déclaré le ministre chargé des Médias, Lakshman Yapa Abeywardena.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé à son chef de cabinet, Vijay Nambiar, de retourner au Sri Lanka pour insister auprès des autorités sur la nécessité de protéger les civils.

Au cours d'une conversation téléphonique la veille avec le président sri-lankais Mahinda Rajapakse, M. Ban s'est alarmé du sort des dizaines de milliers de civils tamouls encore bloqués dans la zone de conflit.

Les rebelles tamouls sont acculés par l'armée sri-lankaise sur une bande côtière de 4 km2, où s'entassent 50.000 civils, selon l'ONU, 20.000, selon les autorités srilankaises.

"Notre personnel assiste à une catastrophe humanitaire inimaginable", a déploré Pierre Krähenbühl, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Les opération du CICR "par voie maritime continuent d'être bloquées ... Aucune organisation humanitaire ne peut apporter d'aide dans ces circonstances. Les gens sont abandonnés à leur sort", a-t-il souligné.

La veille, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé à épargner les civils coincés dans la zone de guerre.

"Au Pakistan et en Afghanistan, il y a des conflits similaires mais personne ne leur réclame un accord de paix ou un cessez-le-feu. Il n'y a pas de pression internationale là bas. (Alors) pourquoi sommes nous les seuls à être visés ?", s'est interrogé le ministre srilankais.

Selon le porte-parole des forces armées, le général Udaya Nanayakkara, plus de 2.000 civils sont "passés en zones gouvernementales" jeudi et "2.000 de plus attendent de sortir" de la zone encore aux mains des LTTE.

Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU s'était dit "gravement préoccupé" par "la crise humanitaire qui s'aggrave" au Sri Lanka et avait exhorté les belligérants à "assurer la sécurité des civils" et à "respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire".

"Nous n'avons aucun problème avec cela", s'est contenté de dire M. Abeywardena.

Mercredi, le président américain Barack Obama avait sommé Colombo d'autoriser l'ONU à accéder à accéder à la zone de guerre.

Mais un accès humanitaire pour les Nations unies "est impossible", a répété le ministre sri-lankais. "En tant que gouvernement responsable, nous ne pouvons pas garantir la sécurité (d'équipes humanitaires). Même le CICR a du mal à livrer des vivres là bas", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le ministère sri-lankais de la Défense a accusé les rebelles d'utiliser des bombes au phosphore pour empêcher un dernier assaut des forces armées gouvernementales.

Londres s'est prononcé pour une enquête devant déterminer si des crimes de guerre ont été commis.

"Nous apporterions notre soutien à une enquête rapide sur tous les incidents qui ont pu déboucher sur des victimes civiles, en particulier sur les informations faisant état de bombardements d'hôpitaux, pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargé de l'Asie, Bill Rammell.

Le Sri Lanka rejette depuis trois semaines toutes les demandes de la communauté internationale - surtout des pays occidentaux - d'une trêve et d'un accès humanitaire au théâtre du conflit.

Excédé par les remontrances des Occidentaux, Colombo peut compter sur le soutien de ses alliés asiatiques - Chine, Japon, Inde -, de la Russie, voire de l'Iran et de la Libye.