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Première greffe "réussie" d'un pénis en Afrique du Sud

Une équipe médicale sud-africaine a annoncé vendredi avoir, pour la première fois, réussi la greffe d'un pénis. Un homme de 21 ans, qui avait subi une amputation trois ans auparavant, a été opéré avec succès il y a trois mois.

C'est une première. En Afrique du Sud, une équipe de médecins a annoncé vendredi 13 mars avoir réussi la greffe d'un pénis, trois mois après l'opération.

"J'ai le privilège d'avoir participé à cette première greffe réussie au monde", a déclaré le professeur Frank Graewe, chef du département de chirurgie reconstructive à l'Université de Stellenbosch (sud-ouest).

Une autre greffe de pénis avait déjà été pratiquée en Chine en 2006. Malgré la réussite chirurgicale de l'opération, l'organe avait dû être retiré en raison de problèmes psychologiques rencontrés par le patient et son épouse.

Les fonctions urinaires et reproductives retrouvées

Quant au patient sud-africain de 21 ans, il a recouvré après trois mois toutes les fonctions urinaires et reproductives de son organe, a précisé le professeur Graewe.

Il avait été amputé il y a trois ans, après une infection provoquée par une circoncision mal effectuée lors d'une cérémonie traditionnelle africaine.

Le jeune homme a été opéré à l'hôpital Tygerberg du Cap durant neuf heures, le 11 décembre. Le pénis avait été prélevé sur un donneur décédé, dont l'équipe médicale a remercié la famille.

"Nous avons prouvé que c'était possible. Nous pouvons donner à quelqu'un un organe aussi bon que celui qu'il avait avant", a déclaré le professeur Graewe dans son communiqué.

Certaines des techniques utilisées pour cette greffe de pénis ont été adaptées de techniques utilisées en France en 2005 pour la première greffe de visage, a dévoilé l'équipe de Stellenbosch.

Cette opération aura un écho très particulier en Afrique du Sud, où ce type d'accident lors de cérémonie initiatiques est assez fréquent.

Gangrènes consécutives à la circoncision

La circoncision traditionnelle, par ablation à vif du prépuce, a généralement lieu à la fin de l'adolescence dans plusieurs cultures sud-africaines, à l'issue d'une période initiatique au cœur de la brousse.

"Une épreuve de courage et de stoïcisme", avait raconté le défunt président sud-africain Nelson Mandela dans ses mémoires.

Chaque année, le pays déplore un certain nombre de morts ou de mutilés. Entre 2008 et 2013, 486 jeunes gens sont décédés à la suite de ces rituels de passage à l'âge adulte, le plus souvent à cause d'infections ou de gangrènes consécutives à la circoncision.

Certains survivent, mais sont mutilés à vie. "Il y a un besoin de ce type d'opération plus grand en Afrique du Sud que n'importe où ailleurs dans le monde", a admis le professeur Andre van der Merwe, membre de l'équipe chirurgicale et chef du département urologie à Stellenbosch.

"Pour un jeune homme de 18 ou 19 ans, la perte de son pénis peut être un traumatisme profond", a souligné le professeur. À cet âge-là, la victime "n'a pas forcément la capacité psychologique de gérer cet accident. On a rapporté des suicides parmi ces jeunes hommes."

Neuf autres transplantations

Devant la presse, le professeur van der Merwe a déclaré que les "héros" de cette histoire étaient le donneur et sa famille. "Il ont sauvé plusieurs vies, car ils ont donné le cœur, les poumons, les reins, le foie, de la peau, la cornée et le pénis", a-t-il expliqué.

Les chirurgiens de l'Université de Stellenbosh avaient cherché longtemps un donneur compatible, dans le cadre d'un projet pilote pour développer les greffes de pénis.

L'équipe projette désormais de procéder à neuf autres transplantations.

L'Afrique du Sud est historiquement un pays pionner de la chirurgie des greffes. La première transplantation cardiaque de l'histoire avait été réalisée au Cap en 1967 par le professeur Chris Barnard.

Avec AFP