
Le leader du Foyer juif, parti nationaliste religieux qui se trouve à l'extrême-droite de l'échiquier politique israélien, a tenu jeudi un meeting de campagne à Kfar Etzion, une petite colonie juive au sud-ouest de Bethléem.
Est-ce pour réchauffer l'atmosphère que Naftali Bennett a sorti la guitare? Il fait effectivement frisquet en cette soirée du jeudi 12 mars sur les hauteurs de Kfar Etzion, la petite colonie israélienne située au sud-ouest de Beethléem, choisie pour ce meeting du Foyer juif. Les derniers sondages, qui placent le parti nationaliste religieux en cinquième position, ont également de quoi jeter un froid une semaine avant les élections législatives.
Kippa vissée sur le sommet du crâne, le leader du Foyer juif a prononcé un bref discours sur le renforcement de "l'identité juive" d'Israël, avant de saisir sa guitare pour mener une sorte de karaoké patriotique de près de deux heures devant quelques centaines de partisans.
Au programme : des chansons exaltant le sacrifice des soldats israéliens pendant la guerre des Six-Jours (en 1967), ou encore celui de Yonathan Netanyahou, le frère aîné de l'actuel Premier ministre, tué en 1976 lors d'un raid des forces spéciales israéliennes à Entebbe, en Ouganda.
Bennett, victime du "tout sauf Bibi"?
"Le Foyer juif, c'est comme une famille. Naftali Bennett sait très bien qu'il n'a pas besoin d'arguments pour nous convaincre ce soir", affirme Nitza, venue spécialement depuis la colonie d'Eli où elle réside, à une trentaine de kilomètres au nord de Jérusalem.
Cette famille idéologique, c'est celle des colons juifs pour qui la mainmise sur la Cisjordanie a une portée religieuse messianique. Avec son portail d'accès protégé par l'armée, ses rues proprettes que l'on croirait sorties d'une banlieue américaine, et ses maisons spacieuses aux grandes baies vitrées, Kfar Etzion représente un exemple à suivre pour les partisans du Foyer juif.
Pour le patriarche de Kfar Etzion comme pour les électeurs les plus jeunes, voter Foyer juif signifie donner plus de poids à l'aile droite dans un futur gouvernement Netanyahou, et empêcher ainsi toute concession territoriale aux Palestiniens.
Reste à voir si le Foyer juif aura les moyens de ses ambitions. Un reflexe de vote défensif au sein de l'électorat de droite risque en effet de lui faire perdre de nombreux votes. Ariel Jason, un membre de l'organisation de jeunesse du Foyer juif, estime ainsi que la campagne "agressive" de la gauche israélienne contre la personne même du Premier ministre Benjamin Netanyahou ("Tout sauf Bibi") va inciter les sympathisants de la droite nationale-religieuse à resserrer les rangs derrière le Premier ministre.
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