Robin Thicke et Pharrell Williams ont été reconnus coupables d’avoir plagié "Got to give it up" de Marvin Gaye pour leur tube "Blurred Lines". Condamnés à verser plus de 7 millions de dollars, les chanteurs ont déploré "un horrible précédent".
À l'issue de deux jours de délibérations, le verdict a été rendu, mardi 10 mars, par un tribunal de Los Angeles : les chanteurs Robin Thicke et Pharrell Williams ont bel et bien plagié la chanson "Got to give it up" de Marvin Gaye, datant de 1977, pour leur tube planétaire "Blurred Lines".
Les deux stars, qui ne se sont pas rendues au tribunal mardi, ont été condamnées à verser plus de 7 millions de dollars aux héritiers du prince de la soul, répartis comme suit : 4 millions de dollars de dommages et intérêts et quelque 3,4 millions de dollars au titre des revenus générés par "Blurred Lines".
Durant le procès, les jurés, qui avaient reçu pour instruction de se concentrer sur la mélodie et non sur tous les arrangements, ont entendu "Blurred lines" comparé à la partition, jouée par un pianiste, de "Got to give it up", qui était brevetée. "Chacun de nous est libre d'élaborer sur ‘Got to give it up’ à partir du moment où l'on ne copie pas les notes" du morceau, a affirmé l'avocat de Thicke en conclusion de sa plaidoirie. "La famille Gaye n'est pas propriétaire d'un genre ou d'un groove".
Pharrell Williams avait déclaré la semaine dernière au tribunal qu'il admirait beaucoup Marvin Gaye. Après le verdict, une porte-parole du chanteur de 41 ans a indiqué à l'AFP que ce dernier était "extrêmement déçu par la décision, qui crée un horrible précédent pour la musique et la créativité".
Précédents en termes de plagiat
Ce n’est pourtant pas la première fois que l’industrie musicale est entachée d’affaires de plagiat.
L’ancien Beatle George Harrison a notamment été dans le viseur de la justice pour sa chanson "My Sweet Lord", sortie en 1970. Ce titre présentait en effet de fortes ressemblances avec le morceau "He’s so fine" du groupe The Chiffons. Reconnu coupable de “plagiat subconscient”, George Harrison avait été contraint de payer plus de 550 000 euros de dommages et intérêts.
Autre exemple : la célèbre chanson "Ghostbusters" de Ray Parker Jr., utilisée dans le film éponyme de 1984. Ce tube a été accusé de ressembler un peu trop au titre "I want a new drug" de Huey Lewis and The News. Ray Parker Jr. s’était alors mis d’accord avec les plaignants sur le versement d’une somme qui n’a pas été révélée.
En 1990, le rappeur américain Vanilla Ice n’y était, lui, pas allé par quatre chemins : dans son tube "Ice, Ice, Baby", il avait directement repris un sample du hit de Queen "Under Pressure" sans demander la permission, une pratique à l'époque courante dans le monde du hip hop. Tout comme Ray Parker Jr., Vanilla Ice avait fait amende honorable en s’acquittant d’une somme qui n’a, elle non plus, pas été révélée.