À dix jours des élections générales en Israël, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Tel Aviv samedi, pour réclamer un changement politique et exprimer leur exaspération à l'égard du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
C’est un grand sentiment de "ras-le-bol" qui s'est exprimé dans les rues de Tel Aviv, samedi 7 mars. Des dizaines de milliers de citoyens israéliens se sont mobilisés aux cris de "Bibi à la maison". Avant les élections générales du 17 mars, les manifestants réclament le changement et un futur politique où l’actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahou, ne tiendrait plus le haut de l’affiche.
Le rassemblement, familial et bon enfant, a été le plus important organisé depuis le début de la campagne électorale. Selon les organisateurs, 50 000 personnes étaient rassemblés place Yitzhak Rabin, au centre de Tel Aviv, où l'ex-Premier ministre avait été assassiné en 1995 lors d'une manifestation pour la paix. La police a, elle, parlé de "plus de 25 000" manifestants.
Point d'orgue : le discours de Meïr Dagan
Principal orateur du rassemblement, Meïr Dagan, l'ancien patron du Mossad, le service des renseignements israélien, a fustigé la politique de "Bibi" Netanyahou qui dirige le parti de droite nationaliste, le Likoud. "Israël a des ennemis, je ne les crains pas. Mais la direction actuelle du pays me fait peur", a-t-il lancé sous les applaudissements de la foule qui scandait "Bibi à la maison".
Elle a en revanche écouté dans un silence ému Michal Kesten-Keidar, la veuve du colonel Dolev Keidar, tué à 38 ans lors de l’opération "Bordure protectrice" à Gaza. Dans un plaidoyer passionné, elle a appelé les électeurs à choisir un camp qui mettrait fin aux bains de sang du conflit israélo-palestinien. "Combien de femmes comme moi vont perdre leur amour avant qu’on parvienne à un accord ?", a-t-elle demandé.
La gauche confiante
Cette manifestation, qui se voulait apolitique, a été organisée par l'ONG "Un millions de mains", qui milite pour un accord de paix avec les Palestiniens en prônant la solution à deux États. On pouvait néanmoins voir flotter les ballons bleus du "Camp sioniste" mené par Isaac Herzog, le dirigeant travailliste allié à la centriste Tzipi Livni, et les drapeaux verts du Meretz, le parti d’extrême-gauche sioniste qui défend la séparation de la religion et de l’État.
Les militants de gauche se disent confiants pour les élections du 17 mars, à l’instar d'Elad Shpindel, 23 ans, membre du parti travailliste depuis six ans : "Je n’ai pas vu une foule aussi imposante depuis les manifestations de 2011. C’est bon signe pour les élections, je suis très confiant", a-t-il confié à France 24.
Mais selon les sondages, le scrutin risque d'être très serré. Le Likoud et le Camp sioniste sont au coude-à-coude. Mais, selon les commentateurs, Benjamin Netanyahou est mieux placé pour constituer une majorité avec le soutien des partis ultra-nationalistes et ultra-orthodoxes.