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Diplomatie : la France met le cap sur La Havane

L’Élysée a annoncé mardi que le président Hollande se rendra en visite le 11 mai à Cuba, une première pour un président français sur l'île. Une visite qui traduit la volonté de la France de ne pas perdre de terrain par rapport aux Américains.

"Les relations franco-cubaines connaissent une dynamique très positive depuis ma visite officielle à Cuba, en avril 2014. La France continuera d’être aux côtés du peuple cubain dans la nouvelle phase qui s’ouvre de son histoire". Cette déclaration du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, date du 17 décembre 2014 et suivait alors l’annonce simultanée par La Havane et Washington du rétablissement de leurs relations diplomatiques.

Le président français avait franchi une première étape importante en choisissant d’envoyer sur l'île le chef de la diplomatie française l'année dernière. Il s’agissait alors d’une première depuis 1983 et la visite de Claude Cheysson à La Havane. Accompagné d’une importante délégation de chefs d’entreprises, Laurent Fabius avait alors expliqué que le but de son voyage était de relancer les relations bilatérales dans un "contexte politique favorable", au moment où Cuba entamait un dialogue en vue d'une normalisation de ses relations avec l'Union européenne.

Et c’est cette fois François Hollande en personne qui s’apprête à se rendre à La Havane. Sa visite prévue le 11 mai prochain constitue une première à double titre : aucun président français n’a effectué de visite officielle à Cuba depuis 1959 et l'avénement du régime castriste et François Hollande devrait être le premier dirigeant occidental à y réaliser une visite officielle depuis le rapprochement amorcé le 17 décembre 2014.

Cette décision traduit clairement la volonté de la France de ne pas se laisser distancer. Les États-Unis avaient envoyé en janvier 2015 la sous-secrétaire d'État pour l'hémisphère occidental, Roberta Jacobson, qui était alors devenue la première responsable américaine de ce niveau à fouler le sol cubain depuis l'administration Jimmy Carter. Et les Européens ne veulent pas faire les frais de ce réchauffement entre la Havane et Washington, Cuba suscitant l’appétit de nombreuses entreprises françaises.

Le dialogue Bruxelles-La Havane reprend

L’annonce du voyage de Hollande s’est produit la veille de la reprise du dialogue entre Bruxelles et La Havane, la troisième session du dialogue UE-Cuba entamé en mai 2014 devant reprendre le 4 mars 2015, à La Havane. Elle doit aborder à huis clos les questions sensibles des droits de l'Homme et de l'ouverture politique. Les parties ont pour objectif de conclure un "Accord de dialogue politique et de coopération" censé tourner la page d'une décennie de brouille.

Initialement prévue en janvier, cette session avait été reportée en décembre à la demande de la partie cubaine, peu avant l'annonce du dégel avec les États-Unis. L'UE avait alors salué un "tournant historique" et sa chef de la diplomatie, Federica Mogherini, avait dit espérer nouer des relations "avec l'ensemble de la société cubaine, en soulignant que "les droits de l'Homme demeurent au coeur de la politique de l'UE envers Cuba".

De son côté, l'Espagne avait en janvier appelé l'UE à accélérer le processus de normalisation avec La Havane, pour ne pas perdre du terrain face à Washington, notamment en matière d'échanges commerciaux. Le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Garcia-Margallo avait ainsi exhorté à "donner la possibilité aux entreprises de l'UE de concurrencer les entreprises américaines".

Tags: Cuba, France,