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Boris Nemtsov, farouche opposant russe et pourfendeur de Vladimir Poutine

Pilier de l'opposition réformatrice et farouche opposant du régime et de Vladimir Poutine, Boris Nemtsov a été abattu de quatre balles dans le dos alors qu’il se trouvait en plein centre de Moscou dans la nuit de vendredi à samedi.

Moins de trois heures avant sa mort, il appelait à manifester contre Vladimir Poutine. Boris Nemtsov, l'ancien vice-Premier ministre russe tué à Moscou dans la nuit de vendredi à samedi, incarnait la génération des jeunes réformateurs des années 1990. 

Abattu par balles à 55 ans, juste à côté du Kremlin, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, Boris Nemtsov avait notamment été l'un des chefs de file de la vague de contestation sans précédent qui avait marqué en 2011-2012 la campagne électorale de Vladimir Poutine, alors candidat pour un troisième mandat présidentiel.

Plusieurs fois interpellé par les forces de l'ordre lors de manifestations, il avait aussi subi des perquisitions et des mises sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu'il appelait le "système oligarchique" du Kremlin.

"Ma mère a très peur que Poutine me tue, pour l'ensemble de mes déclarations dans la vraie vie et sur les réseaux sociaux. Et ce n'est pas une blague, c'est une personne intelligente", expliquait l'opposant dans une récente interview évoquée par le "New York Times".

Un cadre de l'ex-URSS, propulsé par Boris Eltsine

Boris Nemtsov, physicien de formation, avait commencé sa carrière peu avant l'effondrement de l'URSS, élu en 1990 au Soviet suprême, le Parlement soviétique.

Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou, il avait entamé une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine, sous lequel il avait incarné la génération des jeunes ministres réformateurs de la Russie post-URSS.

De mars 1997 à août 1998, il avait obtenu le poste de vice-Premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, secteur très convoité. Ce qui, par la suite, lui a valu d'être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques ayant profité de la vague de privatisations des années 1990.

Nemtsov bascule dans l'opposition à la fin des années 90                 

Boris Eltsine, dont il était très proche, avait envisagé un temps d'en faire son dauphin, avant de lui préférer le chef du FSB (ex-KGB) Vladimir Poutine.

Limogé en août 1998, Boris Nemtsov bascule dans l'opposition lorsque son rival devient président. Aux législatives de 1999, l'opposant est élu à la Douma (chambre basse du Parlement) et rejoint le parti libéral SPS, dont il dirige une fraction qui se distingue par ses critiques virulentes envers Vladimir Poutine.

Son opposition au pouvoir se fait de plus en plus tranchante après les élections législatives de 2007, qu'il dénonce comme "les plus malhonnêtes de l'histoire de la Russie".

Un an plus tard, en 2008, après avoir échoué à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat unique d'une opposition affaiblie par sa disparité, il décide de créer le mouvement Solidarnost, sous l'égide de l'opposant et ex-champion d'échecs Gary Kasparov.

Mais c'est surtout aux côtés d'Alexeï Navalny, un autre opposant des plus déterminés à Vladimir Poutine, que Boris Nemtsov s'affichera comme figure de proue des manifestations qui ont secoué Moscou pendant l'hiver 2011-2012.

>> À lire sur France 24 : "Les principales figures de l'opposition russe"

Après la réélection de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, il a continué à dénoncer les dépenses jugées excessives du président et la corruption, notamment lors des Jeux olympiques d'Hiver à Sotchi (sud).

L'influence de ce vétéran de l'opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit d'une nouvelle génération d'opposants incarnée par Alexeï Navalny, de 17 ans son benjamin.

C'est d'ailleurs avec lui qu'il avait appelé à la tenue dimanche d'un vaste rassemblement de l'opposition pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole.

Avec AFP