Une trentaine de personnes ont été tuées dans les villes de Kano et Potiskum, dans le nord du Nigeria, dans deux attentats-suicides visant des gares routières, tandis qu'une missionnaire américaine été enlevée dans le centre du pays.
L’insécurité est permanente au Nigeria où les attentats se multiplient, à cinq semaines de l’élection présidentielle. Alors qu’une missionnaire américaine a été enlevée mardi 24 février à Emiworo, dans le centre du pays, près d’une trentaine de personnes ont été tuées dans le nord, lors de deux attentats-suicides perpétrés dans les villes de Potiskum et Kano.
À Kano, deux hommes ont fait exploser leurs bombes en milieu d’après-midi dans une gare routière, alors qu’ils venaient de descendre d'un bus, selon le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia. Dix personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par l'explosion. Un peu plus tôt, un commerçant de la gare décrivait une scène d'horreur: "Un bus était éclaboussé de sang et de restes humains".
En fin de matinée, c’est également une gare qui était visée à Tashar Dan-Borno, dans la banlieue de Potiskum, capitale économique de l'État de Yobe. Un kamikaze a fait exploser une bombe dans un bus bondé qui s’apprêtait à prendre la route. Au moins 17 personnes ont été tuées et une trentaine d’autres blessées, selon les sources médicales. Cette attaque a été perpétrée par un homme, et non par une adolescente comme des témoins l’avaient pensé dans un premier temps, a précisé un porte-parole de la police de l’État de Yobe.
>> À lire sur France 24 : "Femme kamikaze au Nigeria, l'arme de guerre de Boko Haram"
La signature de Boko Haram
Aucun groupe n’a revendiqué la responsabilité de ces attentats qui portent cependant la signature de Boko Haram. Le groupe islamiste a multiplié les attaques dans la région ces derniers mois. Dernière tuerie en date à Potiskum : une fillette de 7 ans portant une bombe s'est fait exploser, dimanche 22 février, sur le marché de Kasuwar Jagwal, spécialisé dans la vente et la réparation de téléphones mobiles, à une heure d'affluence. Sept personnes avaient péri, en plus de la fillette.
>> Sur France 24 : "Boko Haram passe dans une autre dimension médiatique, celle de l'EI"
Kano et Yobe, où se trouve Potiskum, font partie des États du Nord-Est les plus affectés par les attaques et les exactions de Boko Haram, qui contrôle plusieurs localités de cette vaste région.
Si Abuja a réaffirmé avoir repris militairement du terrain - ce que conteste Boko Haram – les deux attentats de mardi démontrent cependant la capacité de nuisance de l'insurrection islamiste, que le président nigérian Goodluck Jonathan a admis avoir sous-estimée. Depuis 2009, les insurgés et leur répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria.
Une insécurité aux répercussions politiques
Les exactions du groupe et son expansion géographique ont provoqué un report au 28 mars des élections générales, initialement prévues au 14 février, laissant craindre une résurgence de violences, dans ce pays où l'insécurité est plus que préoccupante. Lundi, Rev Phyllis Sortor , une missionnaire de l’église méthodiste américaine, a été kidnappée par des hommes armés dans le centre du pays. La police soupçonne un enlèvement crapuleux.
La menace principale demeure toutefois Boko Haram dont le leader Abubakar Shekau a promis, dans une vidéo diffusée via Twitter, de tout faire pour empêcher la tenue des élections présidentielle et parlementaires du 28 mars. Le compte Twitter en question a été suspendu mardi.
Le groupe a par ailleurs étendu ses attaques au Cameroun, au Niger et au Tchad, qui le combattent à leurs frontières, et même sur le sol nigérian pour les troupes tchadiennes. Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février la mobilisation de 8 700 hommes dans une force multinationale anti-Boko Haram qui doit encore obtenir l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies.