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Élections départementales : le mode d'emploi

Les élections départementales qui se tiendront fin mars remplacent les élections cantonales. Quels sont les changements ? Quel parti devrait sortir gagnant de ce scrutin qui, bien que local, aura une portée nationale ? Explications.

Les premières élections départementales issues de la récente réforme territoriale se tiendront les 22 et 29 mars en France. Elles auront pour but d’élire les conseillers départementaux dans les 2 054 cantons définis par la nouvelle carte cantonale. France 24 vous donne les clés pour comprendre qui sont les conseillers départementaux et les enjeux de ce scrutin.

  • Fini les conseillers généraux, place aux conseillers départementaux

Les élections départementales remplacent les élections cantonales, mais le principe reste identique : élire les conseillers qui dirigeront votre département. L'appellation est le changement le plus notable : le conseil général, composé de conseillers généraux élus lors des élections cantonales, est remplacé par le conseil départemental, composé de conseillers départementaux élus lors des élections départementales. En revanche, les futurs conseillers seront toujours issus des différents cantons qui composent chaque département. Le changement de nom de ces élections et d’appellation des conseillers ne visent donc qu’à rendre plus clair le rôle de ces derniers aux yeux des citoyens.

Les conseillers départementaux (ex-généraux) étaient jusqu’ici remplacés par moitié tous les trois ans. Ils sont dorénavant tous élus la même année, toujours pour une durée de six ans. Quasiment tous les départements voteront à l'exception de Paris, la métropole de Lyon, la Martinique et la Guyane. Paris étant à la fois une commune et un département, le Conseil de Paris fait office de conseil municipal et départemental. Même chose pour Lyon depuis le 1er janvier, tandis que des collectivités uniques pour la Martinique et la Guyane doivent être mises en place en décembre 2015.

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Outre leur appellation, le nombre des conseillers départementaux a également été modifié pour être en adéquation avec la carte des cantons, d’une part, et un nouveau mode de scrutin, d’autre part. Car la vaste réforme territoriale engagée par François Hollande ne s’est pas seulement attaquée au nombre de régions. Si les départements n’ont pas encore été modifiés, leurs cantons ont drastiquement diminué, leur nombre étant quasiment divisé par deux, passant de 4 035 à 2 054.

Les prochaines élections ne diviseront toutefois pas par deux le nombre de conseillers départementaux : le nouveau mode de scrutin impose en effet l’élection dans chaque canton d’un binôme obligatoirement composé d’un homme et d’une femme. Il y aura donc 4 108 conseillers départementaux au total – 2 054 hommes et 2 054 femmes – contre 4 035 conseillers généraux aujourd’hui, soit une augmentation de 73 élus.

Sur le site internet du ministère de l’Intérieur, le gouvernement justifie cette augmentation par la volonté "de mieux représenter les femmes au sein des conseils départementaux". Quant à la nouvelle carte des cantons qui s’appuie sur les chiffres des populations légales publiés par l’Insee le 27 décembre 2013, elle "permettra une représentation plus équitable de chaque canton en nombre d’habitants par élu".

  • Le rôle des conseillers départementaux encore flou

C’est la question mystère. Cela peut paraître incroyable et pourtant, les prérogatives des futurs conseillers départementaux ne sont toujours pas définies et ne le seront avec précision qu’après les élections départementales. Jusqu’ici, les conseillers généraux étaient en charge de l’aide sociale (protection de l’enfance, RSA, aide aux personnes handicapées et âgées), la gestion des routes départementales et des transports, la gestion des collèges et des transports scolaires, la culture ou encore le tourisme. Or ces compétences vont évoluer avec le vote à venir du projet de loi intitulé NOTRe pour "nouvelle organisation territoriale de la République".

Après avoir été voté au Sénat le 27 janvier, ce projet de loi est actuellement en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Et certaines mesures sont déjà contestées : la volonté du gouvernement, notamment, de transférer aux régions la gestion de la voirie, des collèges et des transports scolaires. Ces questions risquent de donner lieu à d’âpres négociations entre sénateurs, députés et gouvernement. Mais celles-ci n’aboutiront pas, quoi qu’il arrive, d’ici le 22 mars, jour du premier tour des élections départementales.

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Dans ces conditions, impossible pour les candidats de faire campagne sur des sujets qui pourraient ne plus faire partie de leurs prérogatives une fois élus. Heureusement, finalement, que les électeurs votent rarement en fonction des enjeux locaux, préférant le plus souvent voter en fonction de leur appartenance à une famille politique et donner une symbolique nationale aux élections départementales et régionales.

  • Le Front National en tête des sondages

Outre la constitution des conseils départementaux, l’enjeu sera, à neuf mois des élections régionales et, surtout, à deux ans de l’élection présidentielle, de juger du poids actuel des diverses forces politiques. À ce petit jeu, entre 30 et 40 départements, sur 101, semblent susceptibles de basculer à droite. La gauche, qui dirige aujourd'hui 61 départements, ne semble pas en mesure d'en gagner un seul. Et pour la première fois, le Front national (FN) peut se retrouver majoritaire dans une poignée de départements.

Selon un sondage Ifop, paru lundi 23 février dans "Le Figaro", le Front national est en effet en tête des intentions de vote avec 30 %, devant l'UMP et les centristes de l'UDI (28 %) et le Parti socialiste, distancé avec 20 %.

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Après l’embellie de l’union nationale qui avait suivi les attaques terroristes du début de l’année, le gouvernement doit dorénavant composer avec les divisions au sein de sa majorité. L’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution pour adopter la loi Macron à l’Assemblée nationale a fait de gros dégâts. Hors de question pour le Parti de Gauche, le Parti communiste et les Verts de faire cause commune avec un Parti socialiste dont les dirigeants sont, plus que jamais, jugés trop libéraux. La gauche partira donc en ordre dispersé.

À droite, en revanche, le paysage est plus clair. Nicolas Sarkozy aura à cœur de faire de ce scrutin une victoire personnelle si l’UMP, alliée avec l’UDI pour l’occasion, remporte, comme les sondages semblent l’indiquer, une majorité de départements. Mais la vraie poussée devrait être celle du FN de Marine Le Pen. Même si, en raison de l’absence de proportionnelle, le mode de scrutin lui est moins favorable que celui des élections régionales de décembre, le FN pourrait être en position de l’emporter dans plusieurs départements. Assistera-t-on pour autant à une vague bleu marine ? Pas certain. Car le premier parti de France sera plutôt celui des abstentionnistes. Ils seront 57 % à ne pas se déplacer fin mars pour aller voter selon le sondage Ifop pour "Le Figaro" paru lundi.

Avec AFP et Reuters