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L’ONU sur le point de dévoiler la liste des "criminels de guerre" en Syrie

Les enquêteurs de l’ONU sur la Syrie menacent de rendre publique une liste secrète d’auteurs de crimes de guerre pour dénoncer l’inaction internationale. Ils refusent de dévoiler si Bachar Al-Assad ou ses proches figurent sur la liste.

Les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie tapent du poing sur la table. Devant l'inaction internationale face aux crimes de guerre en Syrie, ils se sont déclarés vendredi 19 février prêts à rendre publique la liste confidentielle d'auteurs de crimes de guerre qu'ils ont dressée depuis trois ans.

Dans leur neuvième rapport, publié quelques jours avant la session de mars du Conseil des droits de l'homme à Genève, les enquêteurs, en place depuis septembre 2011, ont affirmé que s'ils ne le faisaient pas, cela ne "ferait que renforcer l'impunité" de leurs auteurs. Pourtant, jusqu’à présent, les enquêteurs onusiens ont toujours indiqué vouloir garder cette liste confidentielle.

Interrogé par la presse, le Brésilien Paulo Pinheiro, président de la commission d'enquête, a indiqué qu'il s'attendait à ce que le Conseil des droits de l'homme prenne une décision sur la publication des noms lors d'une réunion prévue le 17 mars.

Coffre-fort à Genève

Les enquêteurs ont déclaré qu'il y avait des "dizaines" de noms de suspects de crimes de guerre dans quatre listes gardées dans un coffre-fort de Genève. Une cinquième liste doit être présentée au Conseil des droits de l'homme le mois prochain.

La liste comprend des noms de commandants d'unités et de leaders de groupes armés, qui ont été identifiés comme étant responsables de crimes de guerre. Les enquêteurs ont cependant refusé de dire si le président Bachar al-Assad ou ses proches figurent sur les listes.

"Nous essayons de convaincre et de mobiliser la communauté internationale pour qu'elle examine toutes les options sur la table et qu'elle n'ignore pas la situation horrible et abominable de toutes les victimes de cette guerre", a déclaré Paulo Pinheiro.

Les enquêteurs sont de plus en plus inquiets de l'utilisation croissante d'enfants, notamment par les jihadistes de l’EI, qui en font des tueurs ou des kamikazes.

Composée de quatre membres, la Commission d'enquête de l'ONU qui n’a jamais pu entrer en Syrie, a du se baser sur des milliers de témoignages de victimes, de documents et de photos satellites pour établir ses rapports.

"Nous attendons vraiment que quelque chose soit fait"

La Suissesse Carla del Ponte, qui est aussi membre de la commission, a regretté que malgré cinq réunions avec le Conseil de sécurité, il n'y a "jamais eu de suite". "Après quatre ans nous attendons vraiment que quelque chose soit fait", a-t-elle déclaré.

À New York, les enquêteurs ont une nouvelle fois demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de traduire ces auteurs de crimes de guerre en justice, "que ce soit devant la Cour pénale internationale ou devant un tribunal international ad hoc". Un tel tribunal pourrait être basé dans un pays proche de la Syrie.

La Syrie est déchirée depuis presque quatre ans par une guerre civile qui a fait plus de 210 000 morts et a jeté des millions de Syriens à la rue ou sur les routes de l'exil.

Avec AFP