Nabil Fekir, joueur franco-algérien de l’Olympique lyonnais, qui éclabousse la Ligue 1 de son talent, ne sait pas encore pour quelle sélection il jouera. Il affirme qu’il prendra sa décision en mars, un choix "très compliqué" pour lui.
Il est l’une des révélations de la saison en Ligue 1. Le milieu offensif de l’OL Nabil Fekir, 21 ans, 8 buts et 6 passes décisives en 21 matches attire la convoitise, pas seulement des clubs européens, mais aussi des sélections nationales.
Né à Lyon de parents algériens vivant en France depuis 1992, Féekir, a déjà joué avec l’équipe de France Espoirs en octobre 2014. Cela ne l’empêche pas de rejoindre une autre sélection chez les seniors : il peut donc jouer pour la France ou pour l’Algérie. Cependant, ce choix est définitif et il ne pourra plus ensuite endosser le maillot d’une autre équipe nationale.
"Difficile de dire non à Deschamps"
"Je sais que les deux [Didier Deschamps pour l’équipe de France et Christian Gourcuff pour celle d’Algérie, NDLR] peuvent m'appeler le mois prochain. J'essaierai de prendre ma décision avant mars", a expliqué Fekir à L’Equipe. Les deux sélections nationales jouent en effet des matchs amicaux les 26 et 29 mars : contre le Brésil puis le Danemark pour la France, et contre le Qatar puis Oman pour l’Algérie.
S’il donne une petite indication en affirmant qu’il "sera difficile de dire non" à l’entraineur des Bleus, Fekir affirme qu’il s’agit d’une décision "très compliquée" mais que "cette décision lui appartient [car c’est lui qui est] sur le terrain".
Son père met la pression pour l’Algérie
Une déclaration peut-être adressée à son père, Mohamed, qui milite depuis décembre dernier pour que son fils rejoigne les Fennecs. Le père de Fekir affirme que Mohamed Rouaroua, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), avait "promis de discuter avec Nabil à la fin de la CAN, ce qu’il n’a toujours pas fait".
Le père de Nabil Fekir n’est pas le seul à tenter d’influencer le jeune joueur : le président de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, a mis cette semaine la pression sur la Fédération française de football. "Je sais que Didier Deschamps n’aime pas trop qu’on lui donne des consignes, mais si j’étais à sa place, je me rapprocherais de Fekir rapidement" a-t-il déclaré.
Dilemme de joueurs franco-algériens, des exemples à la pelle
Faire le choix du pays d’origine ou de celui où l'on a grandi ? Le cas est fréquent pour des joueurs franco-algériens ces dernières années. Pour preuve : l’équipe des Fennecs de la CAN-2015 était composée de 15 joueurs sur 23 ayant également la nationalité française. Parmi eux, des joueurs très talentueux comme Yacine Brahimi, né à Paris, ou Nabil Bentaleb, à Lille.
Par le passé, des joueurs de l’équipe de France Espoirs n’ont pas hésité à faire ce qu’ils décrivent comme "le choix du cœur" ou "des racines", en optant pour la sélection du pays d’origine de leur parent : le Sénégalais Ricardo Faty ou l’Ivoirien Serge Aurier par exemple.
D’autres ont donné le sentiment de faire ce choix par défaut, après avoir attendu longtemps un signe de l’équipe de France, comme le franco-algérien Mourad Meghni (21 sélections dans les équipes de jeunes tricolores), longtemps présenté comme "le nouveau Zidane" mais jamais sélectionné en A, ou encore Ludovic Obraniak (une sélection en Espoirs) et Damien Perquis (3 sélections en Espoirs), qui ont opté pour la Pologne.
Si la décision de Fekir est très attendue, il n’est pas le seul joueur de Ligue 1 à être dans cette situation cornélienne : à Bordeaux, Thomas Touré, l’attaquant français né de père ivoirien et de mère espagnole a déjà repoussé les avances de la Côte d’Ivoire, demandant "du temps pour prendre sa décision".