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Le président François Hollande a assuré mardi aux juifs de France que la République les défendrait "de toutes ses forces", lors d'une cérémonie au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), profané la semaine dernière.

La République défendra les juifs de France "de toutes ses forces". Telle est la promesse prononcée, mardi 17 février, par François Hollande lors d'une cérémonie de recueillement au cimetière juif de Sarre-Union, dont les cinq profanateurs présumés, des mineurs, ont vu leur garde à vue prolongée.

"Dans la République, aucun Français ne doit avoir peur", a affirmé le président Hollande en s'adressant aux juifs de France dans un discours prononcé à proximité immédiate du cimetière où quelque 250 tombes ont été saccagées la semaine dernière.

"Profaner, c'est insulter toutes les religions et souiller la République", a encore déclaré le chef de l'État en présence de nombreux responsables de la communauté juive française, et d'un grand nombre de responsables politiques.

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Hollande à Sarre-Union : "la justice dira ce qui relève de l'inconscience, de l'ignorance ou de l'intolérance"

"Je connais le sentiment d'inquiétude qui traverse les Français de confession juive. Je sais qu'ils écartent dans leur immense majorité la perspective de quitter leur patrie. Ils sont Français, ils aiment la France et leur place est naturellement en France", a-t-il martelé, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a renouvelé, après cette profanation, son appel aux juifs européens à rejoindre Israël, comme après les attentats de Paris en janvier.

La République "vous défendra de toutes ses forces. Parce qu'à travers vous c'est elle qui est visée, ses valeurs, ses principes, sa promesse", a poursuivi le chef de l'État.

La cérémonie associait notamment les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, mais également l'ambassadeur d'Israël en France Yossi Gal.

Revoir l'intégralité du discours de François Hollande à Sarre-Union

Gardes à vue prolongées

La justice dira "ce qui relève de l'inconscience, de l'ignorance ou de l'intolérance", a commenté à ce propos François Hollande. "Mais le mal est d'ores et déjà fait", a-t-il ajouté, en relevant l'"archarnement" et la "frénésie" dont ont fait preuve les profanateurs, dans la nécropole dont il a lui-même parcouru mardi les allées, en compagnie du grand rabbin de Strasbourg, René Gutman.

"On peut chercher toutes les explications, il en faut, mais il faut aussi des réponses, et la fermeté est dans ces circonstances la seule réponse. (...) Quiconque se rendra coupable d'actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, interpellé et condamné", a poursuivi François Hollande.

L'enquête sur cette profanation qui a suscité depuis sa découverte, le 15 février, indignation et émotion, a connu une avancée spectaculaire lundi, avec le placement en garde à vue de cinq adolescents originaires de la région, dont l'un s'était dénoncé de lui-même à la gendarmerie.

Ces cinq individus, sans antécédents judiciaires et qui se défendent de tout antisémitisme, étaient toujours entendus par les enquêteurs mardi en milieu de journée. Ce mardi, leurs gardes à vue ont été prolongées de 24 heures. Les faits qui leur sont reprochés leur font encourir jusqu'à sept ans d'emprisonnement.

Les lycéens se mobilisent

Juste avant la cérémonie officielle, quelque 200 lycéens de Sarre-Union avaient marché, de leur propre initiative, dans les rues de leur ville pour témoigner de leur indignation face à la profanation. Les jeunes, qui brandissaient des pancartes "Coexist" et "Respect", ont observé deux minutes de silence, ponctuées d'applaudissements, devant une petite synagogue.

Parmi les élèves interrogés par l'AFP, la plupart ont dit connaître l'identité des jeunes gens en garde à vue depuis lundi et être étonnés de leurs actes. "Nous sommes tous très surpris, ils sont plutôt calmes, discrets, même un peu repliés", a confié un jeune homme.

Un enseignant, sous couvert d'anonymat, a confirmé ce constat, se disant "abasourdi que ces élèves aient pu faire ça".

Avec AFP et Reuters