Le Conseil de sécurité de l'ONU doit adopter, dimanche, une résolution sommant les miliciens chiites houtis de lâcher le pouvoir au Yémen. Les intéressés affirment, eux, qu'aucune menace ne les fera plier.
"Le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace." Par la voix de son porte-parole, Mohamed Abdessalam, la milice chiite des Houthis a affiché sa détermination à poursuivre son coup de force au Yémen, alors qu’une résolution la sommant de lâcher le pouvoir doit être discutée, dimanche 15 février, au Conseil de sécurité des Nations unies.
Le texte présenté à l’ONU, dont l'AFP a obtenu copie, met en demeure le mouvement de se retirer des institutions qu'il contrôle, de libérer les membres du gouvernement mis aux arrêts et de privilégier la négociation. La résolution agite également une vague menace de sanctions, mais va moins loin que ce qu'ont réclamé, samedi en Arabie saoudite, les pays du Golfe à majorité sunnite qui souhaitent des mesures coercitives immédiates sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU. Chapitre qui permet d'exercer des pressions économiques et même militaires pour faire appliquer une décision du Conseil de sécurité.
Mais, selon des diplomates occidentaux, la Russie, qui siège au Conseil de sécurité, est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle en est elle-même la cible de la part des États-Unis et de l'Union européenne pour son implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.
Al-Qaïda, mouvement séparatiste, répression…
Les monarchies du Golfe en ont appelé à l'ONU car elles redoutent le chaos créé par "le coup d'État" des Houthis au Yémen, un pays menacé par l'essor d'Al-Qaïda et par un courant séparatiste dans le sud du pays.
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Depuis leur prise de contrôle, en septembre 2014, des institutions à Sanaa, la capitale, les miliciens chiites tentent d'asseoir leur autorité sur le pays, dont les provinces du sud et du sud-est leur échappent encore. Soucieux d’étouffer toute contestation leur étant hostile, les Houtis usent de la force contre les manifestants et arrêtent des opposants. L'un d'eux est décédé vendredi après avoir été "torturé", selon sa famille.
Dimanche, plusieurs protestataires ont été blessés à Ibb (centre) lorsque des miliciens chiites ont tiré en l'air pour disperser des centaines de manifestants qui réclamaient la libération d'un opposant.
Risque de "guerre civile"
Face à l'insécurité croissante, neuf pays occidentaux et arabes, dont les États-Unis et l'Arabie saoudite, ont fermé leur ambassade à Sanaa et évacué leurs personnels diplomatiques, isolant davantage la milice au pouvoir. Le porte-parole des Houthis a dénoncé un "chantage provocateur", estimant que ces ambassades fermées "défendaient les intérêts de leur pays et non pas celui du peuple" yéménite.
L'émissaire de l'ONU, qui a prévenu jeudi que le Yémen risquait de "plonger dans la guerre civile", poursuivait ses consultations avec les forces politiques, y compris les Houthis, qu'il devrait rencontrer de nouveau dimanche soir avec l'espoir de parvenir à une sortie de crise.
Le Yémen est plongé dans le chaos depuis la montée en puissance des Houtis qui se sont emparés des bâtiments officiels, poussant à la démission le chef de l'État, Abd Rabbo Mansour Hadi, et son Premier ministre, assignés à résidence. Le 6 février, la milice chiite a annoncé la mise en place de nouvelles instances dirigeantes.
Avec AFP