Près de 250 000 enfants-soldats sont toujours en activité dans le monde, rappelait l'Unicef le 12 février, lors de la Journée internationale qui leur était consacrée. En RD Congo, un programme de réintégration par la capoeira a été mis en place.
"La capoeira me fait quitter les esprits de la forêt", explique le jeune Augustin. Les "esprits de la forêt" auquel cet adolescent congolais fait référence, ce sont ceux des hommes qui lui ont mis une arme entre les mains. Il y a encore quelques semaines, Augustin servait comme enfant-soldat dans un groupe armé de l’est de la République démocratique du Congo (RD Congo).
Sorti des griffes de la "forêt", Augustin a intégré un centre de Goma, dans la région du Nord-Kivu, qui a mis en place un programme de réintégration par la capoeira, cet art martial dansé né dans les favelas brésiliennes.
Le centre accueille des enfants de 12 à 17 ans, qui ont passé de trois mois à deux ans aux mains des groupes armés. Des dizaines de milliers d’enfants ont ainsi été forcés à la guerre, dans les conflits qui ont fait près de 5 millions de morts dans la région des Grands Lacs ces vingt dernières années. Au plus fort de la guerre, ils étaient jusqu'à 30 000 enrôlés dans les factions armées, selon l'Unicef, qui estime que 17 000 ont été démobilisés.
Apprendre à gérer les conflit "différement"
Stigmatisés, traumatisés par une enfance volée – viol, enlèvements, mort des parents… – et les violences qu'ils ont été forcés à commettre, les ex-enfants soldats font face à des défis immenses pour se réintégrer dans leur communauté. À travers la capoeira, ils commencent par apprendre à régler les conflits autrement que par la violence, réintégrant "une logique civile" et non militaire.
"Ils apprennent à gérer l a violence et les conflits différemment […]. Pour les enfants qui viennent de différentes factions, de différents groupes, cela [la capoeira] efface les clivages politiques et pseudo-ethniques dont ils ont hérité à travers leur passage dans les groupes armés", estime Inah Kaloga, chargée de protection à l'Unicef.
Dans le centre, les enfants reçoivent aussi des formations artisanales ou artistiques : dessiner, faire de la musique, coudre, découvrant ainsi que leur mains ne servent pas à tuer... En six mois, près de 300 ex-enfants soldats ont profité de ce programme et commencé à panser les blessures de la guerre. Un début prometteur mais non suffisant. Selon l’Unicef, il restait en 2014 encore environ 3 500 enfants associés aux conflits en RD Congo, soit 3,6 % des effectifs des Forces Armées de la République Démocratique du Congo et des groupes armés.