
Une affiche placardée par la mairie de Béziers, vantant le nouvel équipement en armes létales de la police de cette municipalité dirigée par Robert Ménard, a provoqué une polémique dans la classe politique et sur la Toile.
Le maire de Béziers Robert Ménard, élu grâce au soutien du Front national, déclenche une nouvelle polémique. Après avoir changé le nom d'une rue pour lui attribuer celui d'un général putschiste de la guerre d'Algérie et avoir instauré un couvre-feu pour les mineurs, ses services ont lancé une campagne pour annoncer l'armement des agents de la police municipale. Une campagne de communication sous le feu des critiques.
Cela n'a pas du tout été du goût du ministre de l'Intérieur Bernard Cazneuve et a suscité l’indignation de certains élus, l’accusant d’entretenir un climat de peur.
Placardée dans les rues de la ville, l'affiche incriminée annonce : "Désormais la police municipale a un nouvel ami", avec, en gros plan, un pistolet portant un écusson tricolore sur la crosse. Depuis le 1er février, la police municipale biterroise est équipée d'armes létales, en l'occurrence des 7.65 automatiques, selon "Le Midi Libre", qui a révélé l'information.
Joute verbale entre Cazeneuve et Ménard
"Robert Ménard n'a pas compris ce qui, dans un contexte comme celui que traverse notre pays, est l'éthique de responsabilité. Et la République" a déclaré Bernard Cazeneuve, jeudi sur France Info, à propos du maire de Béziers. "C'est irresponsable dans ce contexte."
"Dans la République, les symboles que l'on choisit ont un sens. L'arme est, pour les forces de l'ordre, un moyen dont l'usage est, comme chacun le sait, strictement réglementé. Leur mission est d'assurer la sécurité de tous les Français", avait-il précédemment indiqué dans un communiqué publié mercredi soir.
De son côté, le maire de Béziers, s’est défendu, jeudi, de chercher à polémiquer, arguant que "l'affiche a pour objectif de rassurer les Bitterois et d'expliquer aux délinquants et autres petits voyous que maintenant, ils peuvent vraiment commencer à s'inquiéter".
"Pourquoi cette polémique ? C'est une affiche qui dit les choses clairement, sans fioritures. Je voulais que les Biterrois sachent que leur police municipale était armée depuis le 1er février", a déclaré Robert Ménard à l'AFP. "Voilà, le message est passé. C'est vrai que c'est percutant, explicite, mais c'est la réalité qui est percutante".
Et d’ajouter : "Pour moi, la provocation, c'est quand le Premier ministre est accueilli à Marseille à coups de Kalachnikov", en référence aux tirs qui ont retenti dans la cité marseillaise de La Castellane le 9 février, quelques heures avant une visite de Manuel Valls.
Une affiche détournée sur le Web
Outre le ministre de l’Intérieur, le député socialiste de l'Hérault Sébastien Denaja a jugé sur son compte Twitter "inadmissible et irresponsable" cette campagne d'affichage.
Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste, "la République, elle, n'a pas comme 'ami' Robert Ménard". "La campagne d'affichage à Béziers invite à un climat de peur et de haine quand, à l'opposé, des millions de personnes ont fait le choix de la fraternité et du vivre ensemble", écrit-il dans un communiqué.
Désormais la police municipale à un nouvel ami #Beziers #Menard pic.twitter.com/o8c1lTMBOh
— Ahmed Meguini ✏️ (@Meguini) 11 Février 2015Le député UMP de l'Hérault Elie Aboud, candidat malheureux aux dernières municipales de Béziers, s'est lui aussi emporté contre la "violence" de cette campagne. "Au lieu de présenter un projet d'armement de la police, sérieux, fondé sur la sécurité, on nous propose le Far West", a-t-il protesté dans un communiqué.
Même son de cloche sur la Toile, notamment sur les réseaux sociaux, où la campagne municipale a fait les délices des internautes. Elle a déjà été détournée de nombreuses fois, avec le pistolet remplacée par un char d'assaut, une bouteille de pastis ou un cerveau, tour à tour présentés comme "le nouvel ami" de la police municipale. D'autres ont diffusé des caricatures de Robert Ménard ou des policiers municipaux biterrois en shérifs du far-west.
Avec AFP et Reuters