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Quand DSK commence à en avoir "un peu assez" qu’on déballe sa vie sexuelle

envoyée spéciale à Lille – Lors de son deuxième jour d’audience, DSK a été confronté au témoignage cru de l’ancienne prostituée Jade. Questionné sur sa sexualité, l’ancien patron du Fonds monétaire international est, pour la première fois, sorti de ses gonds.

Au deuxième jour de l’audience de Dominique Strauss-Kahn, mercredi 11 février, tout était affaire de ressenti. Dans la salle d’audience du tribunal de Lille, ce sont les difficultés des prévenus à distinguer les libertines des prostituées qui ont été évoquées.

Pour DSK, il ne faisait, à l’époque des faits, pas l’ombre d’un doute : les participantes aux "parties fines", au centre de l`affaire du Carlton, n’étaient rien d’autre que des libertines. "Les prostituées dans les soirées libertines, ça existe mais c’est comme les poissons volants, on n’en voit pas souvent", lance-t-il, énigmatique.

Sur un ton de conférencier, DSK affirme par ailleurs ne jamais avoir eu de discussions avec l’une d’entre elles sur des quelconques tarifs ou rémunérations qu’elles auraient réclamés. L’ancienne prostituée Jade, qui a participé à quatre reprises à des rencontres avec le groupe d’amis de DSK, assure, elle, avoir été dédiée à ce "Monsieur important".

"Peu de respect"

Jade évoque d’ailleurs l’attitude peu respectueuse de l’ancien directeur du FMI lors des rapports sexuels qu’elle a eus avec lui. Attitude qui révèle, selon elle, que cet homme, au demeurant "courtois et élégant" en dehors des moments intimes, savait pertinemment qu’il avait affaire à une femme rémunérée et dédiée à ses désirs. "Je me suis fait empaler et on ne m’a rien demandé, probablement parce que j’étais une prostituée", indique-t-elle crument, cachée sous une perruque auburn.

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L’ancienne prostituée, décrite comme une femme cultivée pouvant se fondre dans le paysage de ces soirées, s’appuie notamment sur une expérience sexuelle, à l’automne 2009 dans un hôtel bruxellois en compagnie de DSK. "Il y a eu un moment plus que désagréable quand j’ai tourné le dos à Monsieur Strauss-Kahn", déclare-t-elle. "Pour m'avoir infligé ce qu'il m'a infligé, il ne pouvait avoir que peu de respect pour moi", ajoute-t-elle.

D’abord abattue, cette mère de famille se révèle de plus en plus vindicative au cours de l’audience. Elle s’emporte notamment lorsqu’on lui rappelle la défense de DSK, qui a admis avoir peut-être été naïf. "On nous prend pour des brêles, éclate-t-elle. Vu les fonctions et l’intelligence de ce monsieur, je doute qu’il ait été naïf." La veille, Jade avait déjà pointé le traitement de faveur accordé par plusieurs femmes lors de parties fines à DSK, dont les hôtes libertins attendaient impatiemment l’arrivée. Dans une soirée à l’hôtel Murano, à Paris, elle avait par ailleurs affirmé avoir vu une prostituée se faire "malmener avec un godemiché".

"Une sexualité plus rude que la moyenne"

Peu intimidé, Dominique Strauss-Kahn concède pouvoir faire preuve de brutalité dans ses rapports sexuels. "Je dois avoir une sexualité qui, par rapport à la moyenne des hommes, est plus rude", reconnaît-il. "Que certaines femmes ne l'apprécient pas, c'est leur droit, qu'elles soient prostituées ou pas". "La pratique sexuelle peut ne pas plaire à Jade, elle peut appeler ça de l'abattage, mais cela ne veut pas dire que ce sont des prostituées", explique-t-il encore.

Mais soudain, et pour la première fois depuis le début du procès, DSK perd patience. Sous le coup des questions répétées de Me David Lepidi, avocat de la partie civile, il lâche : "Je commence à en avoir un peu assez". Il rappelle que ses pratiques sexuelles ne peuvent être des preuves à charge. "Sauf à vouloir me faire comparaître devant les juges pour pratiques dévoyées, ce qui n'existe plus", fait remarquer DSK, dans une allusion à la sodomie.

Puis, à nouveau apaisé, mains jointes et costard impeccable, il tente de prouver sa bonne foi en se positionnant en défenseur de la condition féminine : "La prostitution est une atteinte à la dignité humaine des femmes", plaide-t-il.