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Inde : la rumeur du "Love Jihad"

En Inde, où la société est régulièrement secouée par des tensions religieuses, des extrémistes hindous accusent des musulmans de pratiquer un "Love Jihad", un "Jihad de l’amour". Des accusations sans fondement pour les musulmans, qui dénoncent un complot contre leur communauté, largement minoritaire dans le pays.

Depuis plusieurs mois, le "Love Jihad" enflamme les médias et la société indienne. Des hommes de confession musulmane tenteraient de séduire des jeunes femmes hindoues, dans le but de les convertir à l'islam et de les épouser.

Derrière ces accusations régulièrement rapportées dans la presse locale, se trouvent des fondamentalistes hindous, plus influents que jamais depuis l’arrivée au pouvoir du BJP, le parti de droite nationaliste, grand vainqueur des élections nationales en 2014. Selon eux, des dizaines de femmes seraient piégées, parfois violées, chaque mois.

Manipulation ?

Pour tenter de comprendre ce phénomène, nous nous sommes rendus dans l'Uttar Pradesh, dans le nord de l’Inde. C’est ici que s’est déroulée l’affaire de "Love Jihad" la plus médiatisée du pays.

 C'est d'abord un sordide fait divers : en août dernier, une jeune femme hindoue déclare avoir été enlevée, séquestrée et violée par plusieurs hommes musulmans, et prétend avoir été convertie de force à l'islam.

Dans ces campagnes, hindous et musulmans cohabitent depuis des siècles, mais l’Uttar Pradesh a souvent connu des épisodes de violences communautaires. Il y a un an, les affrontements religieux les plus violents de l’histoire moderne du pays ont fait 62 morts, 93 blessés et des dizaines de milliers de  déplacés.

 Mais alors que nous tournions notre reportage, la jeune femme se rétracte et revient sur ses accusations. Elle avoue avoir en fait vécu une idylle avec un musulman du village, dénonce la pression de ses parents, "honteux et déshonorés", qui l’ont obligée à mentir.

Le fait divers se transforme alors en une sombre affaire de règlements de compte religieux... La communauté musulmane dénonce une "conspiration politique" destinée à lui nuire.

Les accusations de "Love Jihad" continuent de faire la une des médias indiens, alors que la société indienne peine à accepter les mariages mixtes entre membres de différentes communautés religieuses.